Essais

Murielle Szac

L'Odyssée des femmes

✒ Aurélie Janssens

(Librairie Page et Plume, Limoges)

Les dieux et héros de l'Olympe bercent notre imaginaire depuis des siècles. Et si l'on peut citer les travaux d'Héraclès et les conquêtes de Zeus, il nous est plus difficile de raconter les exploits d'une héroïne ou une déesse.

Murielle Szac est passionnée de mythologie grecque. Autrice des « Feuilletons » sur la mythologie publiés chez Bayard, elle a constaté, lors de rencontres avec ses lecteurs, que c'étaient justement des lecteurs, enfants et papas, qui se passionnaient pour la mythologie et moins les filles. Force est de constater que depuis des siècles, la mythologie, ce sont des histoires d'hommes racontées par des hommes, traduites par des hommes. Elle a eu à cœur, avec cet ouvrage, de proposer une relecture des mythes au féminin. Non pas d'inverser les rôles, de réécrire les mythes, mais tout simplement de changer le point de vue et d'éclairer celles qui ont été injustement relayées à des rôles de figuration, de second plan ; au mieux belles, parfois cruelles, souvent victimes. Elle reprend les récits qui composent la mythologie grecque depuis la naissance du monde qui émerge du Chaos grâce à Gaïa, déesse courageuse qui s'oppose à son mari Ouranos pour protéger ses enfants. Elle rappelle par ailleurs que l'Olympe était paritaire : six dieux et six déesses. Elle explore la complexité de ces figures : une déesse ne se réduit pas à une simple mission, un caractère. « Les grands personnages de la mythologie nous rappellent que nous sommes faits de milles réalités enchevêtrées. » Les mythes sont vivants, ils servent de symboles. Réduire les femmes de la mythologie grecque à des victimes (de viols, de violences, de meurtre…), c'est oublier à quel point elles ont osé tenir tête à des maris volages et violents, des pères cruels, des frères arrogants, pour se protéger, elles et leurs enfants, se venger, « ne pas se laisser bafouer sans réagir ». Médée, Aphrodite, Pénélope, Déméter, Hestia... Toutes des modèles dont peut désormais s'emparer l'imaginaire des petites filles… et des petits garçons !

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