Littérature française

Andreï Makine

L’Ancien calendrier d’un amour

illustration

Chronique de Aurélie Janssens

Librairie Page et Plume (Limoges)

Un pont entre deux cultures, deux pays, deux Histoires : voilà l’œuvre que bâtit Andreï Makine depuis de nombreuses années. Avec son nouveau roman, cette histoire s'écrit avec passion et fureur.

De l'âme humaine, de ses tourments, de ses contradictions, l'écrivain puise une encre puissante, une matière vive pour raconter des histoires incroyablement romanesques dont le terreau est pourtant on ne peut plus ancré dans le réel. Ici, le narrateur rencontre, dans un cimetière au bord de la Méditerranée, Valdas, un vieil homme qui se confie sur sa vie. C'était un jeune homme issu de la bourgeoisie russe, cultivé. Lorsqu'il découvre que ce milieu qu'il chérissait n'est que masques et mensonges, il décide de sortir en douce, la nuit, pour se confronter au « vrai » monde. Il tombe par hasard sur des contrebandiers de tabac sur le point de se faire surprendre et arrêter mais l’une des leurs le cache. Ce premier contact avec la belle Taïa trouble le jeune homme au point de tout mettre en œuvre pour la retrouver. La Première Guerre mondiale éclate et repousse ce projet. Blessé, en fuite, il la retrouve finalement et vit avec elle un amour clandestin aussi intense que bref, dont la fin sera brutale. Valdas va connaître des tortures, des fuites à nouveau, mille vies et tourments qui l'emmèneront à Paris où il sera chauffeur de taxi puis architecte. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il devient résistant à sa manière, convoyant des « paquets » d'un lieu à un autre dans son vélo-taxi. Il va connaître et aimer plusieurs femmes au cours de sa vie, mais seule Taïa reste celle qui a emporté son cœur à tout jamais, celle avec qui il a vécu cette parenthèse enchantée, hors du temps. « Ne dites jamais avec reproche : ce n'est plus. Mais dites toujours avec gratitude : ce fut ». Une vie palpitante pour un roman qui l'est tout autant. Une fresque historique romanesque aussi concise que passionnante portée par une langue toujours aussi délicieuse. Du grand Andreï Makine !

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