Littérature étrangère

Canek Sanchez Guevara

33 révolutions

Chronique de Aurélie Janssens

Librairie Page et Plume (Limoges)

Le nom de l’auteur vous interpelle ? Canek Sanchez est le petit-fils du « Che ». Soixante ans plus tard, que reste-t-il de la révolution cubaine ?

Les révolutions dont il est question dans le titre de cet ouvrage sont bien loin de celles menées par le grand-père de l’auteur. Ici, pas question de manifestes, de discours exhortant une foule à se soulever, de régime à renverser. Juste les jours qui défilent, identiques, d’un lever à un coucher de soleil, ce fameux soleil qui fait fondre toutes les audaces, tous les espoirs, la révolution de la Terre autour du Soleil, une année. 33 années, c’est à peu près l’âge du narrateur. Il se lève le matin sans envie pour rejoindre un travail qui ne le motive pas, faire la queue avec un ticket de rationnement pour avoir de la nourriture, traîner au café, voir les gens se satisfaire de cette situation, tant bien que mal. La chaleur empêche toute révolte, tout acte pour se rebeller contre cette vie comme figée, où la notion même de temps aurait disparu. Seul horizon, seule échappatoire, au loin, les côtes américaines. Avant d’y arriver, l’océan, ses vagues immenses, ses tornades contre lesquelles des radeaux de fortune ne font pas le poids. Canek Sanchez Guevara dresse un portrait assez accablant de La Havane. Mais la poésie qui porte ces trente-trois courts chapitres semble être autant d’étincelles qui guident ces radeaux dans le noir. Un roman fort, indispensable.

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