Littérature étrangère

Umberto Eco

Confessions d’un jeune romancier

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Chronique de Aurélie Janssens

Librairie Page et Plume (Limoges)

Un titre intrigant comme Umberto Eco les aime : Confessions d’un jeune romancier. Qui est le « jeune romancier » évoqué ici ? Et de quel pêché, erreur ou autre faute grave doit-il se confesser ? Tel Guillaume de Baskerville, menons l’enquête.

Première confession, le jeune romancier n’est autre qu’Umberto Eco lui-même. Bien qu’âgé de 81 ans, il a écrit seulement six romans ces trente-trois dernières années. Il considère donc avoir encore toute la fraîcheur d’un débutant et souhaite en publier « beaucoup d’autres dans les cinquante ans à venir ». Ces confessions rassemblent quatre conférences revenant sur le processus d’écriture d’Eco, de la genèse de ses œuvres : « les idées séminales », ses techniques d’écritures (plans, fiches, listes, structure du récit, scénarios, dialogues…) et ses inspirations (un lieu, une époque, un personnage). Cependant, s’il semble nous donner les clefs de ses œuvres, rien n’est jamais gratuit avec ce sémioticien ; et autant être prévenu, cet essai est aussi exigeant que le sont ses romans, pour la simple raison qu’il « ne croi[t] pas que la littérature ait pour seul objectif de divertir et de consoler ». Pour lui, cette exigence est une marque de « respect pour l’intelligence et la bonne volonté du lecteur ». Lecteur qu’il imagine idéal au même titre que l’Auteur dans une de ses conférences intitulée Auteur, texte et interprète. Le ton est donné, vous savez désormais qu’il faudra composer avec le jargon sémiotique de l’analyse littéraire. En revanche, que cela ne vous freine pas : une fois cette condition acquise et surmontée, Umberto Eco vous ouvre, avec la pointe d’humour qui le caractérise, les portes d’un univers riche et vaste où ses œuvres répondent à d’autres monuments de la littérature mondiale, de Joyce à Borgès, en passant par Rabelais, Tolstoï, Pavese, Sophocle, Shakespeare et bien d’autres. Vous voyagerez, de même, à travers les lieux et les époques de la Grèce d’Ulysse au Berlin de Döblin, en passant par ce Moyen Âge qui lui est cher et ses manuscrits mystérieux emplis d’enluminures, riches de promesses ou de menaces ! Pas besoin d’ave ou de pater, Monsieur Eco, pour ces confessions vous êtes complètement pardonné.

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