Littérature étrangère
Steven Boykey Sidley
Harold Cummings prend la tangente
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Steven Boykey Sidley
Harold Cummings prend la tangente
Traduit de l'anglais par Catherine Gibert
Belfond
18/10/2018
20 pages, 90 €
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Chronique de
Aurélie Janssens
Librairie Page et Plume (Limoges) -
❤ Lu et conseillé par
3 libraire(s)
- Marie Michaud de Gibert Joseph (Poitiers)
- Aurélie Janssens de Page et Plume (Limoges)
- Isabelle Lemaistre de L'Atelier (Saint-Mathurin-sur-Loire)
✒ Aurélie Janssens
(Librairie Page et Plume, Limoges)
Qu’est-ce qu’une vie bien remplie ? Depuis des siècles, des philosophes torturent leurs méninges sur cette question aux réponses aussi plurielles que contradictoires. Harold Cummings apporte sa pierre à l’édifice.
Et sa méthode est loin d’être empirique ! Il faut dire qu’Harold n’est pas vraiment un philosophe. Ce sexagénaire vit dans un pavillon de banlieue avec sa femme Millie. Quarante ans de mariage, jamais une infidélité. Deux enfants qui ont quitté le nid avec qui il entretient des rapports distants. Un chien. Des amis qu’il voit régulièrement depuis des années. Ce qu’on appelle une petite vie bien rangée. Il a toujours eu à cœur de faire les choses correctement, de son mieux, sans sortir des clous. Mais à l’âge où il commence à assister à plus d’enterrements que de mariages, une question se pose : n’a-t-il pas raté sa vie à la vouloir trop parfaite ? Que dira-t-on de lui le jour où il se retrouvera à la place de ceux dont on lui demande de faire l’éloge funèbre ? Lorsque sa femme lui annonce qu’elle va passer quelques jours chez sa sœur malade, Harold y voit l’opportunité de prendre la tangente, tenter quelques expériences inédites. Il commence par voler une paire de lunettes de soleil et un téléphone à un type peu aimable au bar de l’aéroport. Grisé par ce premier acte de rébellion, tout s’enchaîne : Harold se met à boire, s’achète une bague avec une tête de mort, change de vêtements. Exit le pantalon en velours côtelé, bienvenue la veste à franges ! Il se fait même un tatouage ! Ce serait touchant si cette crise de la soixantaine s’arrêtait là. Mais Harold sent qu’il a besoin d’aller encore plus loin, quitte à y laisser des plumes. Sous ses airs de comédie légère autour de la crise de la soixantaine, le roman de Steven Boykey Sidley est beaucoup plus profond. Il aborde des thématiques existentielles avec un humour grinçant, proche de celui de Philip Roth. (Harold n’est pas sans rappeler un certain Nathan Zuckerman !) Ce roman est la preuve que le rire est une méthode philosophique peu empirique mais drôlement efficace.