Littérature française

Denis Faïck

La Belle Histoire d’une jeune femme qui avait le canon d’un fusil dans la bouche

illustration

Chronique de Aurélie Janssens

Librairie Page et Plume (Limoges)

Avec un titre comme celui-ci on s’attend à tout, surtout à être surpris. Mais ce roman aussi drôle qu’émouvant est au-delà de toute espérance.

Josiane a un physique ingrat qui lui vaut d’être la risée de ses camarades à l’école, victime d’insultes, de harcèlement. Ce n’est pas chez elle qu’elle trouve le réconfort. Sa mère, qui se rêve en actrice, pleure devant les films en noir et blanc de Lana Turner ou Gene Tierney, sur sa morne existence. Elle comble les absences de son mari avec l’épicier ou l’opticien, qui achètent le silence de Josiane à coup de cadeaux laissés sur la commode. Du côté des amis, si elle noue des liens avec quelqu’un, c’est pour mieux le voir disparaître brutalement quelques mois après. Et nous ne parlerons même pas des histoires d’amour foireuses, de tous ceux qui ont fait saigner son cœur lorsque, jeune femme, elle se mettait à espérer un peu de répit dans ce domaine ! Forte de cette courte vie chaotique, on retrouve Josiane, dans les toilettes de la Gare du Nord où elle fait le ménage, assise sur la cuvette, le canon du fusil de son père dans la bouche, prête à mettre fin à ce cauchemar. C’est sans compter ses souvenirs qui reviennent l’assaillir. Denis Faïck est philosophe. On sent son envie de nous offrir, à travers ce roman surprenant, sans concessions ni tabou, les fruits d’une réflexion plus que bienvenue lorsque l’on a tendance à voir le verre plus vide que plein, à défaut de le boire.

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