Littérature étrangère

Claire Messud

La Fille qui brûle

illustration

Chronique de Aurélie Janssens

Librairie Page et Plume (Limoges)

La meilleure amie, celle que l’on connaît depuis des années, avec qui on a tout partagé, ses pensées, ses secrets, même les plus honteux, ses espoirs et ses chagrins. Vous voyez ? Cette amie-là ? Qu’est-elle devenue ?

Elles se connaissent depuis la maternelle. Julia et Cassie. Un duo inséparable, indissociable, des meilleures amies qui connaissent tout l’une de l’autre, se comprennent d’un regard, ne s’ennuient jamais ensemble et dont les parents, par la force des choses, se sont aussi rapprochés. La mère de Cassie est infirmière et élève sa fille seule. Aussi, ces après-midi dans la chambre de Julia l’arrangent assez. Petit à petit, les jeux d’enfant laissent place aux premières discussions d’adolescentes, aux premiers émois. Elles ont 11 ans, c’est l’été. Pour tuer le temps, elles décident d’emprunter un sentier qui s’enfonce dans la forêt et tombent sur un asile abandonné. Ce lieu devient le théâtre de leurs jeux, de leurs vies imaginaire. Puis la rentrée arrive. Cassie et Julia n’ont plus que quelques cours en commun. Cassie se met à fréquenter un autre groupe d’amis. Julia, plutôt bonne élève, s’inscrit au groupe d’éloquence et prépare son concours. Toutes ces certitudes, ce socle qui semblait si stable, cette amitié s’effritent peu à peu. L’éloignement, le vide, comme un membre fantôme, fait désormais partie de leur quotidien. De loin, Julia observe son amie fréquenter les garçons, aller à des soirées où elle n’est pas invitée. Celle qui n’avait pas de secret pour elle devient un mystère. Claire Messud a su saisir dans ce roman ce point de non-retour dans une vie où les certitudes de l’enfance, une forme d’innocence, laisse place à une trop grande acuité au monde, à ce qui se joue désormais, aux enjeux, à la part d’ombre que comprend chacune de nos existences. À mettre dans les mains de tous les parents qui veulent comprendre leurs adolescents ou des adolescents qui voudraient se comprendre eux-mêmes !

Les autres chroniques du libraire