Littérature étrangère
Cassie Dandridge Selleck
La Couleur du silence
-
Cassie Dandridge Selleck
La Couleur du silence
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Chapman
Seuil
07/10/2021
240 pages, 19 €
-
Chronique de
Aurélie Janssens
Librairie Page et Plume (Limoges) -
❤ Lu et conseillé par
3 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Marie-Odile Perrocheau de Agora (La Roche-sur-Yon)
- Aurélie Janssens de Page et Plume (Limoges)
✒ Aurélie Janssens
(Librairie Page et Plume, Limoges)
Le racisme est un des thèmes indissociables de l’Histoire des États-Unis et les événements récents prouvent qu’ils sont loin d’en avoir fini avec ces fantômes d’un passé toujours aussi présent.
Dès que l’on tient entre les mains le roman de Cassie Dandridge Selleck, on ne peut s’empêcher de penser au roman d’Harper Lee, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, paru en 1960, qui racontait une injustice liée au racisme dans l’Amérique ségrégationniste des années 1930. Si l’action de ce roman débute en 1976, soit plus de dix ans après la fin officielle de la ségrégation raciale, on constate très vite que les préjugés ont la vie dure et qu’ils peuvent avoir des conséquences funestes. Dans une petite ville du Sud de la Floride, à Mayville (qui n'est pas sans rappeler le Maycomb d’Harper Lee, comme l’annonce la narratrice dès la deuxième page de son récit), en 1976, Ora Lee (!) Beckworth, une femme de 58 ans, veuve depuis peu, emploie chez elle comme domestique Blanche, une femme de couleur, ainsi qu’Eldred Mims, un vagabond afro-américain surnommé M. Pécan pour les travaux de jardinage et de bricolage. Bien que toutes actives dans leurs paroisses respectives et prêtes à s’investir pour les « bonnes œuvres » comme les épouses parfaites qu’elles doivent être, les voisines voient d’un très mauvais œil la présence d’Eldred Mims dans leur quartier bien propret. Et certaines ne s’empêchent pas de partager leur mécontentement. Et lorsqu’un fait divers vient ébranler la petite ville mettant en cause Eldred Mims, cela est loin de calmer les esprits. Mais dans le témoignage que nous donne à lire Ora Lee, rédigé à un âge où l’on a assisté à bien trop de funérailles, on découvre que chaque histoire comporte différents points de vue et que la vérité se cache souvent dans les non-dits, les secrets, les forteresses de mensonges, bâties pour protéger certaines victimes, mais qui finissent par ronger ceux qui les portent. Un roman fort, émouvant, très romanesque et profondément humaniste.