Littérature française

Laurence Peyrin

L’Aile des vierges

illustration

Chronique de Aurélie Janssens

Librairie Page et Plume (Limoges)

Que ce soit dans une riche demeure anglaise ou de l’autre côté de l’Atlantique, dans une grande ville ou dans un village perdu du Sud des États-Unis, Laurence Peyrin aime à nous raconter les destins de femmes ordinaires aux prises avec les conventions d’une époque et le regard des autres.

Dans L’Aile des vierges, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Maggie Fuller se retrouve veuve. Elle est jeune, n’a pas de famille, pas de ressources. Un ami la recommande pour un emploi de domestique dans un magnifique manoir du Kent en Angleterre. Maggie est issue d’une lignée de femmes qui se sont battues pour obtenir des droits, des libertés, suffragettes, féministes. Certes, elle travaille désormais pour subvenir à ses besoins, mais elle le fait au service des autres. Et le caractère de Maggie a bien du mal à se plier à cette nouvelle condition. Elle aspire à autre chose, elle rêve d’ailleurs, d’une vie pour elle, de liberté. À sa condition vient s’ajouter un nouvel obstacle créé de toutes pièces par des sentiments, une passion naissante pour un homme que les conventions lui interdisent d’aimer. C’est à peu près au même problème que devra se confronter l’héroïne du nouveau roman de Laurence Peyrin Ma chérie. Gloria Mercy Hope Merriman est née en 1933 dans un petit village du Sud des États-Unis. Enfant malingre, souvent raillée par ses camarades, elle se transforme pourtant en une magnifique jeune femme et rêve de célébrité. Elle devient Miss Floride en 1952 et quitte le nid pour s’installer non loin de Miami dans une belle villa payée par son amant, un agent immobilier surnommé GG. Il lui donne des robes de créateurs, des parfums, des bijoux et du « ma chérie » autant que nécessaire. La belle vie pour une jeune femme dont le seul passe-temps est de s’apprêter pour recevoir cet amant. Néanmoins, tout bascule le jour où GG est arrêté pour escroquerie. Gloria se rend compte que sa vie est construite sur du vent, qu’elle ne possède en réalité que peu de choses. C’est avec une petite valise et une grande honte qu’elle doit s’enfuir, retourner chez ses parents. Dans le car qui la ramène en arrière, elle rencontre un homme, Marcus. Une rencontre qui pourrait paraître anodine aujourd’hui. Mais Marcus est un homme noir, et dans l’Amérique conservatrice des années 1960, cette rencontre est tout sauf conventionnelle. Deux femmes, Maggie, Gloria, deux héroïnes aux histoires peu communes, des femmes qui ont dû lutter contre les conventions, contre un destin qu’on voulait écrire pour elles, contre le qu’en-dira-t-on et faire bouger les lignes de l’Histoire, faire avancer leurs droits, s’emparer de leurs vies à un moment où tout semblait perdu. Follement romanesques, ces deux destins, sous la plume de Laurence Peyrin, deviennent possibles, et ces deux héroïnes, inoubliables.

Les autres chroniques du libraire