Littérature française
Romain Slocombe
Un été au Kansai
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Romain Slocombe
Un été au Kansai
Arthaud
02/09/2015
372 pages, 19,90 €
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Chronique de
Linda Pommereul
Librairie Doucet (Le Mans) -
❤ Lu et conseillé par
8 libraire(s)
- Jean-François Delapré de Saint-Christophe (Lesneven)
- Jean-Pierre Agasse de Actes Sud (Arles)
- Jérôme Dejean de Les Traversées (Paris)
- Claire Petiteau de Bibliothèque municipale de Senlis (Senlis)
- Linda Pommereul de Doucet (Le Mans)
- Lucie Sawina
- Philippe Simon de L'Œil au vert (Chaumont en vexin)
- Margaux Henin
✒ Linda Pommereul
(Librairie Doucet, Le Mans)
Un été au Kansai est un texte passionné et passionnant : la réflexion d’un Berlinois en mission au Japon qui subit les tourments de l’Histoire à distance et s’interroge sur la responsabilité individuelle face à une catastrophe.
Cinéaste, photographe, peintre, écrivain…, depuis vingt-cinq ans, Romain Slocombe nous promène avec délice dans l’univers décalé des contre-cultures américaines et japonaises. Fasciné par l’esthétique japonaise, il est devenu l’un des grands spécialistes de cette civilisation qui oscille entre modernité et tradition. Disons-le tout net, Un été au Kansai est un pur régal, dans la grande tradition des romans historiques mais surtout l’un des meilleurs livres de Romain Slocombe, qui a le don de m’étonner à chacune de ses nouvelles parutions. Un été au Kansai, c’est l’histoire d’un jeune Berlinois, Friedrich Kessler, en mission diplomatique à Tokyo, de l’hiver 1942 à l’été 1945. Une correspondance s’installe entre Friedrich et sa sœur restée à Berlin. Dans les premières lettres, le ton est léger et émerveillé, reflétant les sentiments de celui qui découvre et explore le monde dans la grande tradition des récits de voyage. Il apprécie ce séjour, même si la guerre gronde par ailleurs, malgré aussi la difficulté pour un étranger de s’intégrer à une société peu ouverte sur l’extérieur. La force de ce texte est de jouer sur l’alternance entre la douce contemplation évoquée par Friedrich, notamment lors de ses excursions dans les temples ou quand il découvre les estampes de Hiroshige, et le monde qui s’effondre autour de lui. Grâce aux lettres de Liese, il prend connaissance des premiers bombardements sur Berlin, la défaite de l’armée allemande à Stalingrad. « En ces splendides jours d’été, comment s’imaginer qu’au-delà de l’horizon si bleu et calme, les flots sont souillés d’huile et de sang .» Romain Slocombe dépeint une initiation allégorique et amoureuse qui sublime la philosophie et l’art, et interroge sur le devenir de l’homme quand il est confronté au chaos. Son roman est aussi une réflexion éthique et morale sur une manière d’être parmi ses contemporains.