Littérature française

Christophe Bataille

La Brûlure

illustration

Chronique de Linda Pommereul

Librairie Doucet (Le Mans)

Dans le bruissement d’une conversation amoureuse, Christophe Bataille déploie, par la magie des mots, l’histoire d’un homme et d’une femme marquée par la peur de perdre l’autre mais qui sortiront des ténèbres.

On n’entre pas dans un livre de Christophe Bataille, on y est accueilli avec simplicité et chaleur car c’est une rencontre au-delà des mots. Le texte de La Brûlure est né d’une rencontre avec un proche. Philippe, alors qu’il est perché dans un arbre, subit l’attaque de frelons asiatiques, des centaines de piqûres. Il aurait dû mourir. Ce roman s’inspire de cette histoire, fruit de sept ans d’écriture pour trouver les mots justes. Un drame qui accouchera de cette rêverie poétique, brûlure des corps et douceur de l’âme. Dans la première partie, un homme et une femme se rencontrent et se racontent. L’amour naissant, ils cheminent ensemble dans ce bonheur qu’ils inventent. Intime, exclusif, ce chant d’amour, décousu parfois, se dévoile avec grâce et plénitude sous l’œil d’une nature éclairée, un écrin de verdure qui les protège du monde. Et puis il y a le drame, cet accident un matin d’août quand notre élagueur est piqué, infecté par le venin de centaines de piqûres de frelons. Il aurait dû mourir mais, plongé dans le coma, il résiste, met sa vie en suspens. On entend alors la voix de cette femme, amante aimante qui s’est nourri de cet homme, impuissante devant ce corps poignardé, silencieux jusqu’à l’âme. Elle capte les sensations, guette, à l’affût de l’insaisissable, prête à se noyer dans le mystère de cette vie, de ses souvenirs. Un singulier échange se noue et toute la vie vécue, extrêmes douleurs et extrêmes joies, se mêlent. Avec Christophe Bataille, on touche au sublime, au détour d’un ombrage, dans ce roman où les arbres s’expriment par la voix de notre funambule des cimes qui défie les lois terrestres au risque de se brûler. Une histoire murmurée, ciselée pour dessiner l’infini d’un paysage où l’amour se révèle notre substance première.

 

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