Littérature étrangère

Yan Lianke

Les Chroniques de Zhalie

✒ Linda Pommereul

(Librairie Doucet, Le Mans)

Dans cette tragédie sublime et poignante, Yan Lianke tente de nous montrer le chemin, le respect du cycle de la vie malgré cette soif inextinguible de pouvoir et de puissance de l’homme. Il nous ramène à l’essentiel… mais l’humanité peut-elle vraiment être sauvée ?

Yan Lianke a écrit plus de vingt romans et nouvelles. Des textes tous remarquables, tant par leur objet que par leur style. Reconnu pour son imagination et son engagement politique qui lui ont valu d’être censuré, il a remporté de nombreuses récompenses internationales, dont le prestigieux prix Franz Kafka. C’est toujours avec une certaine émotion qu’on lit un roman de Yan Lianke. Car cet auteur fidèle à ses origines et à son engagement politique, qui défie le système en place, expose avec une rare acuité les traumatismes profonds de la société chinoise. La fiction devient le vecteur de cette colère refoulée où l’homme est voué à sa perte, sauf si la nature reprend le dessus. Son dernier roman, Les Chroniques de Zhalie, se penche sur la perte des valeurs morales dans un village imaginaire dont la taille va passer de plusieurs centaines d’habitants à une métropole de trente millions de personnes. Il nous offre une satire brillante de la société moderne chinoise qui s’est perdue dans l’ère de l’industrialisation et du commerce depuis le Grand Bond en avant. Un roman exceptionnel qui reflète les grands changements de la Chine contemporaine, car Yan Lianke n’a pas son pareil pour étudier la société (Le Village de Ding, sur l’affaire du sang contaminé, Bons baisers de Lénine, sur le tourisme de masse – tous les deux en Picquier poche), qu’il met en scène de manière tragique et caustique à la fois. Le tout porté par une imagination à couper le souffle. Dans Les Chroniques de Zhalie, on assiste, sur une trentaine d’années, à la transformation d’un village rural perdu dans les montagnes en une mégalopole urbaine où l’argent et le pouvoir sont devenus les seuls maitres. Un des textes les plus brillants de Yan Lianke, qui mêle réalisme et fantastique, sublimés par ce don incroyable pour l’hyperbole qui donne à sa narration un souffle inégalé.

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