Littérature étrangère

Mischa Berlinski

Dieu ne tue personne en Haïti

✒ Linda Pommereul

(Librairie Doucet, Le Mans)

Dieu ne tue personne en Haïti est un roman d’une grande intelligence, qui permet de découvrir la personnalité singulière d’Haïti et de s’imprégner de sa culture aux accents colorés malgré les tragédies qui anéantissent régulièrement le pays.

Dieu ne tue personne en Haïti est né du séjour de Mischa Berlinski entre 2007 et 2011 quand il accompagne sa femme juriste en mission pour les Nations Unies. La souffrance et la misère semblent inscrites dans les gènes du pays, un des plus pauvres du monde. Mischa Berlinski, par son humour et le souffle romanesque qui habitent son récit, évoque un pays malmené, certes, mais surtout l’incroyable énergie de ses habitants qui, par une fausse désinvolture, se nourrissent de cette fatalité pour mieux se relever. L’action de son roman se déroule à Jérémie, appelée aussi la cité des poètes, un nom étrange pour une petite ville perdue et coupée du reste du monde avec ses routes impraticables. Dans ce décor paradisiaque, Terry White, un ancien shérif vient prendre son poste comme envoyé des Nations Unies, dans le cadre d’un projet de construction de routes pour améliorer l’économie locale. Rapidement conquis et accepté, il convainc un jeune juge respecté de tous de se présenter aux élections afin de s’opposer aux plans d’un sénateur charismatique mais corrompu. Berlinski rend hommage à Haïti, tisse un lien entre le passé et le présent, et montre l’urgence de reconstruire l’identité haïtienne. Un texte tout en pudeur qui révèle une galerie de personnages touchants, sans manichéisme et qui donnent une âme à ce texte grâce à leurs folles histoires. De belles aventures humaines qui racontent les petites magouilles et les petites rencontres. Un roman riche et prenant, comédie satirique de la politique locale et de l’absurdité de l’aide internationale qui excelle à décrire les conditions de vie des Haïtiens, sans cesse malmenés mais dont la volonté et la créativité ne faillissent jamais.

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