Littérature étrangère

Per Petterson

Je refuse

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Chronique de Linda Pommereul

Librairie Doucet (Le Mans)

Auteur de l’inoubliable Pas facile de voler des chevaux (Folio), Per Petterson fait son grand retour avec un texte à l’intensité dramatique rare. Je refuse renoue avec les thèmes chers à l’écrivain : exaltation de la nature et des sentiments.

Écrivain, traducteur et critique littéraire, Per Petterson est né à Oslo dans une famille ouvrière. De ses origines modestes, il a conservé la volonté de s’engager et de militer. D’abord édité en France par les éditions Circé, l’œuvre de Per Petterson s’est imposée avec la traduction, chez Gallimard en 2006, de Pas facile de voler des chevaux, un drame dont les fils conducteurs sont la nature et la figure paternelle. Cinq ans plus tard, il publie Maudit soit le fleuve du temps (Folio), un texte d’une étrange pureté où se croisent les destins d’un homme âgé d’une quarantaine d’années, malmené par la vie, et de sa mère atteinte d’un cancer. Per Petterson est un artiste, il sait évoquer avec pudeur et finesse les petites et les grandes fêlures qui traversent nos existences. Après ces deux sublimes romans, il signe Je refuse, qui poursuit cette inlassable exploration du labyrinthe des passions humaines, au plus près des mouvements du cœur. Jim et Tommy ont grandi ensemble, comme deux frères, dans une petite commune proche d’Oslo. Jim a connu une enfance heureuse, protégé des affres de la vie par sa mère, une femme pieuse et discrète. Tommy n’a pas eu les mêmes chances. Abandonné par sa mère et victime des colères de son père, il est séparé de ses trois sœurs qui sont placées dans des familles d’accueil. Pourtant, c’est Tommy qui réussit professionnellement en faisant carrière dans la finance, tandis que Jim partage son existence entre un job de bibliothécaire et de nombreux arrêts maladie. Quand ils se retrouvent par hasard sur ce pont suspendu entre deux mondes, les deux hommes, qui se sont perdus de vue depuis plus de trente ans, sont submergés par les souvenirs, la nostalgie et la frustration. L’alternance entre passé et présent rythme ce récit simple, mais ô combien subtil, fort et unique. Une parabole sur l’amitié entre homme.

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