Littérature française

David Lelait-Helo

Il était une femme étrange

✒ Linda Pommereul

(Librairie Doucet, Le Mans)

Dans ce roman inclassable, David Lelait-Helo mêle la folie à l’amour. Ici, les flammes de la vengeance brisent les convenances et révèle un personnage hors normes : Maria Dolores qui eut trois vies.

David Lelait-Helo publie Il était une femme étrange aux éditions Héloïse d’Ormesson, un récit construit comme un conte baroque où il embarque le lecteur dans son imaginaire foisonnant. En dramaturge virtuose, il se nourrit des drames humains et cueille son auditoire dans un tourbillon de mots qui nous emporte sous son feu. Une couverture énigmatique, une femme au regard magnétique. Il était une fois une femme à la beauté étrange, Maria Dolores Pinta de las Aguas Dulces. Un nom qui défie l’imaginaire. Elle est là dans cette grande maison, étendue, morte : une merveille pour les yeux d’Eusebio qui doit s’occuper du corps. Il est captivé, fasciné par celle dont il va bientôt découvrir le secret. Il se met alors en quête de son histoire et il lui faudra une vie entière pour la retracer et la raconter. Sous l’arbre d’Amapolas, Eusebio se fait alors conteur devant un public, suspendu comme nous face à ce destin hors du commun. L’amour brûle les âmes. Une jeune aristocrate, la mère de Maria, tombe amoureuse d’un bel étranger qui lui laisse en cadeau un ventre qui s’arrondit et les foudres de sa famille qui la renie. Des jumeaux, une fille aussitôt aimé et un fils rejeté, reflet de l’amant qui l’a trahie. Quand Alfonsina sa sœur jumelle meurt, jeune fille en fleur, la nature humaine se déchaîne pour déployer une tragédie qui brise et enchaîne l’âme de Maria à sa mère. Car, à la souffrance, il convient de trouver une consolation quitte à fracturer son âme. « La beauté de ma mère fut la source de toutes ces folies que je commettrai. Je lui dois la grâce et ma disgrâce. » Ce roman mêle la fougue de l’imagination de David Lelait-Helo à l’exploration de l’âme, celle de Maria Dolores dans un décor théâtral où chaque levé de rideau intensifie l’atmosphère. Le désamour maternel, son érudition, sa beauté, sa transformation seront les repères d’une identité en devenir, cruelle et troublante.

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