Littérature française

Gérard de Cortanze

L’An prochain à Grenade

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Chronique de Linda Pommereul

Librairie Doucet (Le Mans)

Un roman politique et philosophique qui montre que tout radicalisme religieux expose la société à une menace d’affrontement. Mais surtout, une magnifique histoire d’amour, symbole d’humanisme et de réconciliation.

Gérard de Cortanze est un écrivain passionné et engagé, auteur d’Assam (Albin Michel, 2002), prix Renaudot 2002 et de nombreuses biographies, dont celles consacrées à Pierre Benoît ou Frida Kahlo. Grand explorateur de notre Histoire et de notre société, il nous offre avec L’An prochain à Grenade un roman épique au souffle puissant et entraîne le lecteur dans une fable philosophique et politique d’une rare intensité, s’imposant d’ores et déjà comme une des lectures incontournables de la rentrée. 1066, Grenade. Gâlâh est la fille du Premier ministre juif et ami de l’émir, personnage cultivé et partisan d’un islam modéré. Iblis, un agitateur, pousse la population à la révolte en arguant que le pouvoir ne respecte pas les fondamentaux de la religion musulmane. L’émir impuissant ne pourra contenir cette fureur et cet appel à la haine contre les juifs. Une nuit de décembre, une foule de musulmans s’abat sur le quartier juif de Grenade et massacre 5 000 personnes. Le père de Gâlâh est tué. Elle réussit à s’enfuir avec Halim, jeune poète musulman dont elle est amoureuse. Amour qui sera sublimé dans le roman comme un symbole de tolérance. Gâlâh a reçu de son père un talisman, une khomsa, sorte de protection surnaturelle commune à la culture juive et musulmane. Elle devient pendant dix siècles l’incarnation du peuple juif séfarade et connaîtra les grandes tragédies de son histoire : persécutée par l’Inquisition, victime de la haine pendant l’affaire Dreyfus, rescapée des camps… Pourtant, elle échappera à la cruauté du monde grâce à un incroyable instinct de survie. À chaque épisode de violence, elle s’emploie à pardonner, à reconstruire et à transmettre sa culture. Une fable, reflet de la fureur et de la barbarie d’un monde qui semble avoir perdu toute humanité.

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