Littérature française

Thomas B. Reverdy

Les Évaporés

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Chronique de Linda Pommereul

Librairie Doucet (Le Mans)

Les Évaporés est un texte brillant, profond et poétique. Dans un roman qui utilise les codes du roman policier, Thomas B. Reverdy laisse son talent de conteur s’exprimer et compose une sorte de drame existentiel, le portrait d’un homme en quête de lui-même.

Richard B. est un détective solitaire et mélancolique. Ses situations professionnelle et personnelle ne sont pas faites pour améliorer son humeur morose. En plus de s’être fait larguer par Yukiko, sa douce et belle amie japonaise, celle qu’il regardait comme la femme de sa vie, Richard B. a été licencié pour d’obscures raisons. Depuis, il promène sans but son vague à l’âme. Mais une nuit, il est contacté par son ex-petite amie. Elle est bouleversée et inquiète. Elle souhaite que Richard l’accompagne au Japon pour retrouver son père disparu dans d’étranges circonstances. Soupçonnant que cette disparition est liée à une sombre histoire avec le milieu des yakuzas, elle fait appel à son ami, son seul espoir. Car au pays du soleil levant, lorsqu’une personne disparaît, on dit simplement qu’elle s’est évaporée. Nul ne la recherche, ni la police, ni sa famille par crainte du déshonneur. Parce qu’il aime encore Yukiko et qu’il nourrit le secret espoir de la reconquérir, il abandonne tout – en réalité peu de chose – pour la suivre vers cette destination qui lui permettra peut-être de commencer une nouvelle vie. Féru de culture japonaise, Thomas B. Reverdy se plonge avec finesse et sensibilité dans cette culture. L’originalité de l’écriture, la façon dont l’intrigue avance, tantôt brutalement, tantôt avec lenteur, donnent une ampleur rare au roman et confirment le talent exceptionnel de Reverdy. Mené comme un thriller, Les Évaporés permet de visiter les bas-fonds d’un Japon méconnu, gangrené par la mainmise des yakuzas sur tous les trafics imaginables. Un roman remarquablement mûr, équilibré, où chaque mot est à sa place. Le livre contient des passages forts sur des hommes et des femmes confrontés à un malaise social croissant. Le style est convaincant, riche et d’une grande puissance métaphorique. Une jolie surprise.

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