Littérature française

Hervé Le Tellier

Le Nom sur le mur

illustration

Chronique de Stanislas Rigot

Librairie Lamartine (Paris)

Tout aussi brut qu'émouvant, Le Nom sur le mur est le bref récit d'une vie de choix et d'engagements, un texte fort, derrière une apparente modestie, que l'actualité rend un peu plus nécessaire encore.

Rappelez-vous, c'était hier, c'était il y a cent ans : nous sortions du second confinement, les libraires avaient rangé leurs quick et leur collect pour réouvrir en grand leurs portes. Le jury du Goncourt remettait enfin son prix, le 30 novembre 2020, à un livre au titre approprié, L’Anomalie, un roman dont certains ne sont toujours pas revenus. On connaît la suite : raz-de-marée, phénomène littéraire, ventes rapidement vertigineuses. Un peu moins de quatre ans ont passé, le livre a gagné un statut de classique de librairie et Hervé Le Tellier est enfin de retour. Mais alors que les autres grands revenants du printemps (Jean-Paul Dubois, Terry Hayes) semblent plus ou moins reprendre leur œuvre là où ils l'avaient laissée, Hervé Le Tellier surprend ‒ même en admettant qu'on n'avait pas le début d'une idée sur la teneur du possible successeur à L’Anomalie. Le Nom sur le mur est un texte ramassé d'un peu plus 160 pages qui raconte le destin d'André Chaix, un résistant, tué à l'âge de 20 ans, en août 1944. Un destin qui est entré dans la vie de l'auteur presque par effraction lors de la découverte d'une inscription sur la façade d'une maison nouvellement acquise. Avec une volonté affichée de ne jamais tomber ni dans le romanesque, ni dans l'historique, Hervé Le Tellier nous convie à un voyage dans une époque des plus troubles : cette inépuisable Seconde Guerre mondiale. Les méandres empruntés, les digressions assumées finissent par esquisser la complexité de ces années jamais vraiment digérées, dont le lourd héritage encombre encore notre quotidien. Le tout dans le sillage d'une vie donnée, du courage d'un jeune homme prenant, à l'instar de beaucoup d'autres alors, les armes. Un parcours ponctué du récit fragmentaire d’un amour magnifique avec une jeune femme tout aussi impressionnante, Simone.

Les autres chroniques du libraire