Littérature étrangère
Iceberg Slim
Du temps où j’étais mac
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Iceberg Slim
Du temps où j’étais mac
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Clélia Laventure
Belfond
17/09/2015
160 pages, 15 €
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Chronique de
Sarah Gastel
Librairie Adrienne (Lyon) -
❤ Lu et conseillé par
7 libraire(s)
- Jérôme Dejean de Les Traversées (Paris)
- Linda Pommereul de Doucet (Le Mans)
- Béatrice Putégnat
- Sarah Gastel de Adrienne (Lyon)
- Philippe Marchot de La Librairie Le BHV Marais (Paris Cedex 4)
- Céline Rothlisberger de Prado Paradis (Marseille)
- Sébastien Lavy de Page et Plume (Limoges)
✒ Sarah Gastel
(Librairie Adrienne, Lyon)
« La vie d’un mac est peut-être le pire genre de vie que l’on puisse mener. Il est craint, haï, méprisé et il marche sur un fil de fer graissé qui relie la prison, d’un côté, à sa mort, de l’autre. »
À la fin des années 1960, aux États-Unis, si vous souhaitiez lire Iceberg Slim, il vous fallait vous procurer un exemplaire clandestinement, au détour de la case ghetto ou prison. Aujourd’hui, on redécouvre en librairie, grâce à la collection « Belfond Vintage », des textes inédits de l’auteur culte de la Trilogie du ghetto (Pimp, Trick Baby, Mama Black Widow, tous les trois disponibles en Points). Figure légendaire du proxénétisme, Iceberg Slim s’inscrit dans une longue tradition autobiographique afro-américaine dénonçant le « creuset raciste et brutal qu’est l’Amérique ». Mais c’est aussi l’un des premiers à dépeindre avec réalisme le quotidien miséreux de la communauté noire et à décrire l’homme noir autrement qu’en individu de seconde zone, ou faire-valoir de l’homme blanc. « Les livres d’Iceberg Slim présentaient les Noirs comme des êtres humains et nous rendaient notre dignité », écrit Sapphire, l’auteure de Push. Écrit en 1971, Du temps où j’étais mac rassemble des textes rageurs et ironiques, pour la plupart autobiographiques, qui donnent une vision du bitume de Chicago et de ses bas-fonds, des ficelles du maquereautage et du poison qu’est la violence urbaine. Mais celui qui est désormais reconnu comme « le plus grand conteur du ghetto », est aussi un homme repenti, à la conscience politique aiguë, qui pose un regard nostalgique et empreint de remords sur ses années de « Pimp ». Les billets se font plus introspectifs et engagés. Il raconte non seulement ses séjours en prison, parle de son père, ou les circonstances qui le conduisirent à se lancer dans la rédaction de Pimp. Il dit également le racisme de la société américaine, revient sur le combat pour les droits civiques, la négritude, le black power, les Black Panthers… Emblématiques d’une époque, les écrits d’Iceberg Slim, devenu héros populaire, sont historiquement passionnants et éclairent des clivages raciaux toujours d’actualité.