Littérature étrangère
Jaume Cabré
Voyage d’hiver
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Jaume Cabré
Voyage d’hiver
Traduit du catalan par Edmond Raillard
Actes Sud
01/02/2017
304 pages, 22,50 €
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Chronique de
Marie Michaud
Librairie Gibert Joseph (Poitiers) -
❤ Lu et conseillé par
9 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Marie Michaud de Gibert Joseph (Poitiers)
- Isabelle Aurousseau-Couriol de de Paris (Saint-Étienne)
- Juliette Retamal de La Terrasse de Gutenberg (Paris)
- Florence Raut-Trouillard de La Libreria (Paris)
- Catherine Béchet de Spicilège (Lagny-sur-Marne)
- Charlotte Lesaulnier de Actes Sud (Arles)
- David Guerrinha de CALPE LES PORTES DE L ESSONNE (SAVIGNY SUR ORGE)
- Serge Vessot de Cultura (Marsac-sur-l'Isle)
✒ Marie Michaud
(Librairie Gibert Joseph, Poitiers)
Après le succès du sublime Confiteor paru en 2013 (Babel), c’est peu dire que le nouveau livre de Jaume Cabré est attendu. Et c’est à nouveau une merveille d’écriture, de construction et d’émotions.
« Sib La Réb Si Do », telle est la petite musique (étrange et géniale) qui résonne de la première à la dernière des quatorze nouvelles de ce Voyage d’hiver aux multiples facettes. On savait Jaume Cabré éblouissant dans les romans au long cours, on découvre qu’il ne l’est pas moins dans la forme brève, donnant une densité incroyable à une dizaine de pages comme il le ferait pour un roman en comptant 500. D’autant que non content de ciseler chaque nouvelle avec une précision d’orfèvre, il crée une architecture d’ensemble absolument prodigieuse par un jeu de résonances, de contrepoints et d’échos entre les différentes histoires. Au fil des pages, vous croiserez le fantôme de Schubert, une fille aux yeux de gemme, une mère déchirée par l’absence, un philosophe en clair-obscur, quelques tueurs professionnels et autant de princes de l’Église, et même un certain Monsieur Adrià… À travers des intrigues totalement différentes, Jaume Cabré explore encore et toujours les replis de l’âme, les secrets honteux, les peurs inavouées et, plus que tout, les blessures inguérissables. Le mal, la mort, l’amour et la beauté sont au cœur de ces histoires comme ils sont au cœur de l’homme, des geôles de Ferdinand VI à la Barcelone d’aujourd’hui, en passant par le Leipzig du XVIIIe siècle ou le camp de Treblinka. Mais le tour de force de Cabré, c’est peut-être de faire exister en creux tout ce qu’il n’écrit pas, dans le silence entourant chaque texte, pesant dans chaque histoire, qui tend l’atmosphère et ajoute de la profondeur à ses mots. Un grand auteur qui nous donne une nouvelle fois un grand livre. Alors, à ceux qui pensent ne pas aimer les nouvelles, je n’ai qu’une question à poser : pourquoi se contenter d’un solitaire quand on peut avoir une rivière de diamants ?