Littérature étrangère
Stephen Kelman
Le Pigeon anglais
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Stephen Kelman
Le Pigeon anglais
Traduit de l’anglais par Nicolas Richard
Gallimard
01/09/2011
336 pages, 22 €
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Chronique de
Marie Michaud
Librairie Gibert Joseph (Poitiers) -
❤ Lu et conseillé par
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- Marie Michaud de Gibert Joseph (Poitiers)
✒ Marie Michaud
(Librairie Gibert Joseph, Poitiers)
Banlieue, violence, jeunes en perdition, telle est la toile de fond du premier roman de Stephen Kelman, tel est l’univers dans lequel un enfant, naïf mais déterminé, apprend à être « l’homme de la maison ».
Harrison, le héros d’une dizaine d’années de l’étonnant roman de Stephen Kelman, est un jeune immigré fraîchement débarqué du Ghana dans une banlieue anglaise. Quand la mort fait irruption dans le quartier, il s’improvise détective pour arrêter le meurtrier d’un jeune homme.
Pourtant, « le gars qu’est mort », il ne le connaissait pas plus que ça. Seulement, ce dernier l’avait sorti d’un mauvais pas face à des petits voyous qui jouaient à l’intimider. Car dans cette zone délabrée, dangereuse peut-être, où les codes, y compris langagiers, sont différents, l’agression et la violence sont des jeux quotidiens auxquels on se livre à tous les âges, y compris chez les plus jeunes. Harrison doit trouver sa place dans ce monde étrange et brutal, peut-être en intégrant la fameuse « bande de Dell Farm », ce qui lui garantirait certains privilèges. Pourtant, malgré sa naïveté, il pressent qu’il y aura des contreparties qu’il n’est pas forcément prêt à assumer. Alors il se tient un peu à l’écart et tente d’apprivoiser son nouvel environnement. Dès les premières pages du roman, les deux objectifs d’Harrison sont clairs : démasquer un meurtrier et apprivoiser un pigeon, sorte d’ange gardien à sa mesure d’enfant. Pour l’enquête, il est aidé par son copain Dean qui a vu tous les épisodes des Experts : « Un tueur c’est pareil partout dans le monde, ils changent jamais. Ils ont des petits yeux de cochons et fument des cigarettes. Des fois ils ont des dents en or et des toiles d’araignées sur le cou. Leurs yeux sont rouges. » Mais il faut avancer prudemment et ne compter que sur soi.
Stephen Kelman a probablement écrit ce premier roman en écho à différentes affaires de règlements de comptes entre bandes de gamins survenues au cours de ses années passées en Angleterre. Sa grande réussite, c’est de rendre vivant et parfois attachant cet univers qui ne nous arrive habituellement que par les images des journaux télévisés. En donnant la parole à Harrison, en mimant son langage d’enfant émaillé d’argot et de mots inventés, il fait un pari risqué mais globalement réussi.