Littérature étrangère
Honorée Fanonne Jeffers
Les Chants d'amour de Wood Place
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Honorée Fanonne Jeffers
Les Chants d'amour de Wood Place
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Emmanuelle Aronson
Les Escales
07/09/2023
912 pages, 27 €
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Chronique de
Marie Michaud
Librairie Gibert Joseph (Poitiers) -
❤ Lu et conseillé par
9 libraire(s)
- Marie Michaud de Gibert Joseph (Poitiers)
- Martine Coussy de Entre les lignes (Chantilly)
- Christine Lechapt de Maison du livre (Rodez)
- Isabelle Poilbois de Espace Culturel E.Leclerc (Chambly)
- Sarah Gastel de Adrienne (Lyon)
- Audrey Andriot de Jonas (Paris)
- Virginie Lannoy de Le Bateau Livre (Lille)
- Séverine Aumont-Sanz de Volte pages (Olivet)
- Charlotte Célestin de Médiathèque (Draveil)
✒ Marie Michaud
(Librairie Gibert Joseph, Poitiers)
Il ne fallait pas moins de 900 pages à Honorée Fanonne Jeffers pour peindre la fresque ordinaire et sublime d’un lieu et de celles et ceux qui l’ont fait vivre, fui ou transmis d’une génération à une autre.
« Nous sommes le sol, le territoire. La langue qui se délie et trébuche sur les noms des morts en osant raconter les histoires de la lignée d’une femme. » Ainsi s’ouvre Les Chants d’amour de Wood Place, en posant les thèmes qui seront au cœur du roman : l’ancrage, la langue, les récits, la mémoire, la transmission, la famille, la féminité... Ce qu’elle ne dit pas, c’est l’autre sujet – le principal sûrement : qu’est-ce qu’être noir aux États-Unis, aujourd’hui et depuis que le premier esclave a été débarqué sur le continent ? Si l’autrice a choisi la fiction pour poser cette question, déployant l’histoire d’une famille sur plus de deux siècles et demi, elle y projette la structure et la force de l’essai fondateur de W. E. B Du Bois, Les Âmes du peuple noir (La Découverte), émaillant le récit linéaire autour d’Ailey Garfield, celle qui fera le choix de retrouver la mémoire des vies qui l’ont précédées, de fragments narratifs poignants sur tel ancêtre oublié ou tel épisode marquant. Si Ailey est née et a été élevée dans la Ville, au Nord, elle est profondément liée à Chicasetta, le berceau de cette famille, la petite ville du Sud, le domaine hérité du passé par sa famille au prix de luttes et de violences incessantes. Sa trajectoire personnelle dans les années 1980-1990, les questions auxquelles elle ne cesse de se heurter sur la nuance de sa couleur de peau, la place des femmes en train de changer, les luttes unies de la « communauté » aussi bien que ses tensions internes, vont l’amener à chercher des réponses dans l’Histoire et à nommer sans fard les tragédies mais aussi les petits bonheurs quotidiens qui ont constellé la vie de sa famille et celle de l’humanité. Un roman d’une force impressionnante qui résonne de toutes sortes d’échos venus du passé pour élargir le champ d’une réflexion nécessaire.