Comment parler des romans parmi les plus emblématiques de leurs auteurs, déjà présentés et commentés des milliers de fois ? Rappeler peut-être que Le Hussard sur le toit de Jean Giono évoque l’épidémie de choléra en Provence autour de 1830 et le périple d’Angelo et Pauline à travers la maladie et la mort pour l’espoir, la révolution et l’amour. Que La Vie devant soi de Romain Gary est un hymne à la solidarité, à la fraternité et à l’amour à travers la relation entre la vieille Madame Rosa et l’adolescent Momo. Mais peut-être surtout dire à quel point la lecture de ces auteurs – alors qu’on commémore la disparition des deux écrivains (40 ans pour Gary, 50 ans pour Giono) – est un moyen de célébrer leur talent et leur œuvre, de les (re)mettre en lumière au milieu du flot incessant des nouveautés littéraires. Et surtout que cette lecture rappelle que la littérature dépasse la vie des hommes et des femmes qui la font, que la vie qui jaillit si fort de tels romans est la célébration la plus juste de la vie de leurs auteurs. Et que l’amour est au cœur battant de ces deux textes, moteur des actions des personnages, tantôt éclatant au grand jour, tantôt sinuant dans l’ombre, attendant de pouvoir se dire, se vivre ou simplement exister dans les actes des personnages. Bien au-delà de l’amour romantique, l’amour déployé – les amours devrait-on dire tant leurs formes sont nombreuses – par Angelo, Pauline, Momo et Madame Rosa transcende les différences, la peur et peut-être même la mort pour construire et faire tenir debout les Hommes.