Littérature étrangère
Anna Funder
L'Invisible Madame Orwell
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Anna Funder
L'Invisible Madame Orwell
Traduit de l'anglais (Australie) par Carine Chichereau
Éditions Héloïse d’Ormesson
05/09/2024
496 pages, 23 €
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Chronique de
Emmanuelle George
Librairie Gwalarn (Lannion) -
❤ Lu et conseillé par
8 libraire(s)
- Emmanuelle George de Gwalarn (Lannion)
- Delphine Bouillo de M'Lire (Laval)
- Linda Pommereul de Doucet (Le Mans)
- Audrey Andriot de Jonas (Paris)
- Séverine Aumont-Sanz de Volte pages (Olivet)
- Stéphanie Fuilla-Weishaupt de Au pays des livres (Colombes)
- Sophie Lainé de CCGPF - Service du livre et des bibliothèques - service BCPC (Paris)
- Tracy Pradalier de Germaine Tillion (Paris)
✒ Emmanuelle George
(Librairie Gwalarn, Lannion)
Eileen O’Shaughnessy n’apparaît quasi pas dans les biographies de son mari, George Orwell, comme dans ses écrits. L’autrice australienne Anna Funder soulève le voile sur sa vie et la met en lumière.
C’est une envie impérieuse de s’extraire d’une vie quotidienne écrasante qui aura incité la romancière à se (re)plonger dans les textes de George Orwell, son auteur fétiche, et à lire ses biographies. Or, au détour d’une note de bas de page, elle découvre Eileen O’Shaughnessy, la première Madame Orwell. Une femme oubliée, dans l’ombre, quasi invisible. C’est surtout la récente découverte de six lettres d’Eileen à sa meilleure amie Norah Symes Myles, avec qui elle était à l’université d’Oxford, et le témoignage de ses proches qui motivent Anna Funder à soulever le voile sur la vie privée des Orwell, à explorer leur relation, leur mariage, de la guerre civile espagnole jusqu’à la Seconde Guerre mondiale à Londres. Dans ce texte extrêmement bien documenté et illustré, en forme d’enquête, de récit biographique et autobiographique, la romancière avance pas à pas avec malice, intelligence, autodérision, vitupération. Elle interroge la figure de l’épouse modèle dont le sens pratique et le dévouement ont sauvé la vie de son illustre et souffreteux mari, mais donne aussi à voir l’intelligence, l’énergie, l’humour et le talent littéraire de cette femme de l’ombre (brillante et tout aussi engagée) qui ont façonné l’œuvre d’Orwell. Elle recompose le puzzle de la vie d’Eileen O’Shaughnessy tout en démontrant à quel point Orwell et la société de l’époque ont consciencieusement gommé son rôle et par-delà réduit son existence à celui d’une simple subalterne aux côtés du grand homme. Certes, ce texte, comme exercice de curiosité et d’admiration, égratigne la figure du créateur, surtout dans son intimité, mais il célèbre aussi son travail, sa singularité et ce qu’il doit à sa coéquipière. Ce livre témoigne aussi de la condition des femmes de l’époque (et au-delà !), la questionne et œuvre de manière appuyée pour leur défense.