Littérature française
Pierre Raufast
La Baleine thébaïde
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Pierre Raufast
La Baleine thébaïde
Alma
05/01/2017
220 pages, 18,50 €
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Chronique de
Emmanuelle George
Librairie Gwalarn (Lannion) - ❤ Lu et conseillé par 24 libraire(s)
✒ Emmanuelle George
(Librairie Gwalarn, Lannion)
Les éditions Alma proclament Pierre Raufast « roi de l’ingénierie littéraire ». Ses lecteurs confirment. Dans ce troisième roman, le prince du roman gigogne décline les aventures rocambolesques d’un jeune candide, parti sur les traces d’une mystérieuse baleine.
Après deux romans (La fractale des raviolis, 2014, et La Variante chilienne, 2015, Alma) drolatiques, tendres et piquants, Pierre Raufast récidive avec une histoire alerte et épique, au titre tout aussi énigmatique. Sa liberté de ton et son imagination foisonnante sont à nouveau à l’œuvre. Tout commence par une liaison extra-conjugale entre un sénateur américain et une starlette… En fait, non. Cette histoire extraordinaire de baleine débute bien avant. Tout a donc commencé le jour où, jeune diplômé d’une école de commerce et peu attiré par le pouvoir et l’argent, ce jeune idéaliste désirant donner du sens à sa vie et à son travail répond à une offre d’emploi improbable au regard de sa formation. Pourtant, il se réjouit d’embarquer comme mousse sur un baleinier au nord de l’Alaska, pour une mission scientifique inédite. Son but est de trouver la « baleine 52 » qui chante à une fréquence unique au monde, ce qui ne lui permet pas de trouver son âme sœur. À bord de l’Hirundo, il y a trois autres aventuriers, Eduardo, le capitaine, Dimitri, un Russe, et Marc, un Français. La mission peut commencer. Mais elle ne se déroulera pas du tout comme l’avait espéré notre jeune candide. On ne peut rien dévoiler de plus. Sauf que cette aventure, racontée selon des points de vue narratifs différents, chahutée par de multiples rafales de rebondissements et digressions (ludiques et scientifiques), est aussi trépidante que fantaisiste. En exergue, on trouve la mention : « Certaines choses racontées dans ce roman sont vraies ». C’est là que réside aussi le plaisir de lire Pierre Raufast, ce plaisir de démêler le vrai du faux. Certains s’emparent alors de dictionnaires, surfent sur la Toile. Les plus pointilleux consultent même des spécialistes. D’autres encore ne font rien et se laissent porter par la puissante vague poétique du récit. Finalement, de quoi est-il question dans ce roman ? De baleine, forcément ! Mais aussi de solitude, de missions secrètes, de manipulations génétiques, de recherches scientifiques, de nouvelles technologies, de pouvoir et d’argent, de hackers, etc. On y croise des fous à lier, des vrais méchants. Mais aussi des crabes, des étoiles, du chocolat. Et des gens formidables au métier passionnant. On y vibre au chant des sentiments et on s’amuse beaucoup. Y fourmillent aussi de belles citations et références littéraires, notamment à Jorge Luis Borges et « sa bibliothèque infinie où seraient rangés tous les livres possibles et imaginables, écrits ou à venir ». Pour les lecteurs fidèles de Pierre Raufast, le plaisir est même accru en découvrant nombre de clins d’œil à ses romans précédents. Cette nouvelle aventure, dont la construction narrative est aussi alambiquée que pertinente et où la science et la fantaisie font si bon ménage, est ensoleillée d’un humour exquis et d’une subtile tendresse. Pierre Raufast est assurément un grand conteur, un maître du divertissement intelligent.