Littérature étrangère

Seth Greenland

Mécanique de la chute

✒ Jean-Baptiste Hamelin

(Librairie Le Carnet à spirales, Charlieu)

Magistralement, patiemment, minutieusement, sur plus de 600 pages limpides, Seth Greenland décortique l’horlogerie de la chute d’un homme au sommet de sa gloire. Glaçant !

Jay Gladstone est riche à milliards. Il descend d’une famille de juifs ayant fait fortune dans l’immobilier new-yorkais, s’est marié en secondes noces à une femme brillante et plus jeune que lui. Père d’une fille qui souhaite prendre sa vie en main, il est aussi propriétaire d’une équipe de la NBA. Il distribue des sommes importantes à des fins humanitaires. Il mène sa vie selon ses désirs. Il est important. Il n’est pas vraiment détestable. Et pourtant, un caillou dans la chaussure, un léger malaise lors d’un voyage, un grain de sable dans son empire seront vécus par Jay comme les signes avant-coureurs d’une catastrophe imminente. Obama prépare un second mandat. L’ambiance est électrique. Quand un flic blanc tue un homme noir, les silences se brisent, les opportunistes affûtent leurs armes. Alors, quand Jay Gladstone, cet homme adulé car influent, cet homme respecté car craint, commet l’irréparable, c’est son monde qui s’écroule et lui, le puissant, découvre l’effroi, devient la proie. Ne rien dévoiler, ne pas trop dire ! Seth Greenland dissèque avec maestria les réactions et les comportements face à cette chute. D’une petite phrase, il crée un tremblement de terre. Celui que l’on regardait et admirait devient boule de flipper, objet de toutes les haines exacerbées et le sujet principal des médias amateurs et créateurs de scandale. Ne rien dévoiler ! Dire que les personnages ne sont jamais secondaires car tous jouent un rôle principal dans la mécanique. Ne pas les décrire mais laisser le lecteur se les prendre en pleine gueule. Se dire un instant que tout peut s’arrêter, le penser, le souhaiter, que l’emballement médiatique s’essoufflera. L’homme ne vivra plus de ses désirs. Il est brisé. De manière implacable.

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