Littérature française

Max Monnehay

Géographie de la bêtise

Chronique de Jean-Baptiste Hamelin

Librairie Le Carnet à spirales (Charlieu)

Chaque village possède son idiot (un au minimum). Imaginez la vie sans eux, imaginez leur vie entre eux : l’idiot n’est plus celui que l’on croit !

Pierrot, l’idiot du village, hérite de ses parents. Devenu riche mais pas pour autant intelligent, il décide de créer un village exclusivement habité par les plus beaux spécimens d’idiots qui font le sel de nos campagnes et de la mienne. Colonie de vacances déjantée, cette bande d’hurluberlus absurdes mais attendrissants, après de superbes aventures ferroviaires et un tour de France sans dopage, redonnent vie à un village décati. Avec le plus mauvais goût et un absurde sentiment de bien-être, ils s’emploient à faire de ce village un havre de paix où rien ne manque, où la courtoisie du « vivre ensemble » ne relève pas du simple discours. Bien entendu, cette quiétude attire les quidams de toutes sortes, les apprentis idiots en quête de reconnaissance. Toutefois, et là demeure la subtilité de ce roman, n’est pas idiot qui veut et sont alors reconduits sous bonne escorte, aux portes du village, les usurpateurs ayant échoué au test « d’aptitude ». Cette Géographie de la bêtise est à lire du premier au troisième degré. Sous des dehors drolatiques, le texte est profondément dur, brut, dérangeant et critique. Max Monnehay est une jeune auteure. La suivre semble nécessaire à l’idiot que je suis.

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