Littérature étrangère
Manuel Vilas
Irene
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Manuel Vilas
Irene
Traduit de l'espagnol par Isabelle Gugnon
Éditions du sous-sol
12/01/2024
304 pages, 23,50 €
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Chronique de
Juliet Romeo
Librairie La Madeleine (Lyon) -
❤ Lu et conseillé par
7 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Marie Hirigoyen de Hirigoyen (Bayonne)
- Linda Pommereul de Doucet (Le Mans)
- Lyonel Sasso de Dialogues (Morlaix)
- Juliet Romeo de La Madeleine (Lyon)
- Marie-Ève Charbonnier de Paroles (Saint-Mandé)
- Margot Bonvallet de Passages (Lyon)
✒ Juliet Romeo
(Librairie La Madeleine, Lyon)
Après Ordesa, prix Femina étranger en 2019, et Alegría, l’écrivain espagnol Manuel Vilas revient avec Irene, du nom de son héroïne : une réflexion philosophique sur l’amour, le deuil et la folie.
Irene a aimé Marcelo à la folie et Marcelo a aimé Irene à la folie. Au point de s’isoler, au point de n’avoir plus de vie sociale, au point de ne pouvoir supporter de ne pas se toucher, au point de faire l’amour tout le temps. Une folie qui a duré vingt ans, jusqu’à la mort de Marcelo des suites d’un cancer. Une fois le choc passé, Irene quitte Madrid, leur magasin et son appartement, et parcourt les routes d’Europe, au volant d’une BMW cabriolet de location, pour revoir tous les hôtels de luxe et les chambres spacieuses avec vue sur la mer dans lesquels elle et l’amour de sa vie ont séjourné. Au premier arrêt, elle va se laisser séduire par Julio et, au moment où elle atteint l’orgasme, Marcelo lui apparaît du haut d’un escalier. Irene va désormais chercher à séduire des femmes comme des hommes à chaque escale pour revoir son bien-aimé. D’un point de départ qui pourrait ressembler à celui d’un roman d’amour, Manuel Vilas nous entraîne dans les pensées, les doutes, les mensonges, les révélations de son Irene. Car il serait trop simple de réduire celle-ci à une figure de l’amoureuse en deuil. Le passé est une histoire que l’on se construit et que l’on se raconte. Et Irene le fait brillamment. S’arrangeant avec les faits et les souvenirs (qui parfois lui échappent), elle nous trompe, nous perd sur des chemins tortueux. Jusqu’à ce que la vérité, ou une vérité, nous soit révélée. Et toute la réflexion philosophique de l’auteur prend sens. Qu’est-ce que le passé ? Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que le temps ? Dans cette Dolce Vita espagnole, la frontière entre réalité et songe, entre folie et équilibre, entre amour de soi et amour de l’autre, est ténue. Manuel Vilas en joue avec son auditoire, le baladant d’une perception à l’autre.