Jeanne d’Arc, Héroïne diffamée et martyre, ne s’intéresse pas à la vie et au parcours de Jeanne d’Arc, la littérature en est déjà remplie. Claude Gauvard, en étudiant de nouvelles sources, se penche sur ce que la société française a dit et dit encore de Jeanne d’Arc. Pour certains, elle est l’héroïne, pour d’autres, elle est le diable. En retraçant les exploits de celle qu’on nomme « la pucelle » (sic), puis son procès, l’autrice interroge les récits, les opinions de la France sur la jeune femme. Alors qu’elle a tout de la sauveuse, elle est traitée comme une sorcière, hérétique à mettre au bûcher au terme d’un procès long et émouvant. Elle restera celle qui dérange, parce qu’elle est une femme, parce qu’elle incarne une forme de pureté, parce qu’elle dispose d’un courage rare. Les femmes qui dérangent sont nombreuses dans l’ouvrage Sexisme sur la voix publique de Marlène Coulomb-Gully. L’autrice interroge également ce que la société dit des femmes politiques, mais de nos contemporaines des cinquante dernières années. Pour elle, le sexisme que subissent les femmes politiques aujourd’hui passe par la façon dont la société décrit leurs voix, leurs discours, leurs paroles. De Simone Veil à Ségolène Royal, en passant par Édith Cresson ou Christiane Taubira, le parcours des femmes en politique est ponctué de remarques sur leur voix aiguës, leur accent, leur diction, leur syntaxe. Sans parler de la facilité que les hommes ont à interrompre les discours des femmes. Aussi est-il intéressant de mettre en perspective la façon dont la société française traite les femmes de pouvoir à des époques que 500 ans séparent. Si beaucoup de choses ont bien entendu changé, les femmes font toujours l’objet de remarques et critiques plus marquées, ayant souvent trait à leur voix, leur apparence et leur façon de convaincre du bien-fondé de leurs choix et de leurs discours.