Littérature étrangère
Morten Brask
Terezin Plage
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Morten Brask
Terezin Plage
Traduit du danois par Caroline Berg
Les Presses de la Cité
11/08/2011
395 pages, 20 €
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Chronique de
Isabelle Aurousseau-Couriol
Librairie de Paris (Saint-Étienne) -
❤ Lu et conseillé par
5 libraire(s)
- Françoise Gaucher de Le Coin des livres (Davézieux)
- Martine Clesse
- Stéphanie Landgraf de Maison de la presse (Wissembourg)
- Maïté Blatz de Le Roi livre (Paris)
- Cécile Lemaire de Gibert (Dijon)
✒ Isabelle Aurousseau-Couriol
(Librairie de Paris, Saint-Étienne)
Ce roman bouleversant, auquel vous ne resterez pas indifférent, nous entraine à la suite d’un jeune médecin danois, déporté en camp de concentration, du Danemark à la République Tchèque.
Terezín Plage commence sur une plage du Danemark. Daniel Faigel, jeune médecin, retrouve les sensations de son enfance passée au bord de la mer. Puis, par une sorte de fondu enchainé littéraire, on le retrouve affamé, bousculé, serré dans un wagon à bestiaux qui le conduit à Terezin. Nous sommes en 1943, il est juif et a été pris dans une rafle allemande. Le Terezín d’aujourd’hui portait alors le nom de Theresienstadt, camp de concentration en bordure de la frontière germano-tchèque. Camp de concentration pour les Juifs, « colonie juive » pour les Allemands, c’est surtout le lieu d’une ignoble mystification. La propagande nazie en fit un ghetto modèle où étaient rassemblés en priorité les juifs célèbres et âgés, écrivains, musiciens, poètes et artistes. Le camp possédait son orchestre symphonique, des films y furent tournés, des créations musicales et des opéras montés. Un superbe lieu de villégiature que les nazis montrèrent à la Croix Rouge afin de mystifier le monde sur la manière dont le régime traitait les juifs. Pourtant, les repas sont presque aussi indigents que dans les camps « normaux », et l’hôpital où est affecté notre jeune spécialiste n’est pas mieux loti. Dans ce lieu sans lendemain, il essaye de protéger, à défaut de les guérir, les nombreux patients qui redoutent de se trouver sur la prochaine liste d’un convoi sans retour. Il tombe amoureux d’une jeune Tchèque, Ludmilla, qui va l’aider à résister à un quotidien atroce et à faire face aux innombrables questions concernant son enfance, dévoilée par le bais d’un album photographique emporté dans ses maigres bagages. Pour écrire ce roman, Morten Brask s’est inspiré de la vie de Ralph Oppenheimer, rescapé de Theresienstadt, et de l’histoire des juifs danois déportés pour l’essentiel dans ce camp de concentration. Très habilement, il fait revivre l’histoire du camp en mettant en relief ses spécificités : lieu d’une incroyable créativité, mais aussi gigantesque vitrine de la propagande nazie. C’est un roman bouleversant impossible à lâcher.