Nous contacter
S'abonner
Se connecter

Littérature étrangère

Jonathan Lichtenstein

Revenir à Berlin

illustration

Chronique de Isabelle Aurousseau-Couriol

Librairie de Paris (Saint-Étienne)

Il est des voyages qui marquent toute une vie. Celui que nous raconte Jonathan Lichtenstein dans ce récit comptera dans son parcours car il lui a ouvert les portes du passé.

Revenir à Berlin, Sur les traces de mon père : tout semble être raconté dans ce titre et ce sous-titre. Et pourtant. L’auteur et narrateur sait que son père est né dans une famille juive de Berlin avant la Seconde Guerre mondiale et qu’il est arrivé adolescent en Grande-Bretagne. Lui, le dramaturge et professeur d’art dramatique à l’université d’Essex, va mettre en scène grandeur nature le voyage de retour de son père sur son lieu de naissance et d’enfance, en suivant le trajet du Kindertransport. Cette gigantesque opération humanitaire a permis dans les années 1938-1940 de sauver plusieurs milliers d’enfants juifs allemands, autrichiens, tchèques… Hans Lichtenstein fera partie du dernier convoi de Berlin en 1939. Plusieurs décennies plus tard, en voiture, suivant la ligne de chemin de fer, de gares en gares, une nuit sur le ferry, le père et le fils traverseront la Manche, les Pays-Bas et l’Allemagne. Revenir à Berlin, pour l’auteur, c’est tout d’abord connaître ses origines et découvrir ses racines, celles que son père tait. Il a tourné le dos à la culture juive et refuse de parler allemand. Jonathan sait que son grand-père s’est suicidé. Mais sa grand-mère ? C’est aussi un retour sur sa propre enfance : il nous raconte les traumatismes issus de ce silence, transmis aux générations suivantes, ses échecs, ses choix… Tout ce qui bouleversera sa propre vie. Il découvre aussi que les voisins de ses parents ont été marqués par cette Seconde Guerre. Personne n’en parle mais tout le monde transmet les profondes blessures qu’elle a laissées à ses enfants. Ce récit, c’est un voyage dans le passé qui a permis à l’auteur de mieux comprendre et appréhender le présent et l’avenir.

Les autres chroniques du libraire