Littérature étrangère
Leonardo Padura
Poussière dans le vent
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Leonardo Padura
Poussière dans le vent
Traduit de l’espagnol (Cuba) par René Solis
Métailié
19/08/2021
600 pages, 24,20 €
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Chronique de
Guillaume Chevalier
Librairie Mot à mot (Fontenay-sous-Bois) - ❤ Lu et conseillé par 19 libraire(s)
✒ Guillaume Chevalier
(Librairie Mot à mot, Fontenay-sous-Bois)
Après la découverte d’une mystérieuse photo, Adela décide de confronter sa mère sur son passé cubain. Cette plongée dans l’histoire du Cuba des années 1990 nous parle d’un groupe d’amis à l’heure des choix cruciaux.
Nous sommes dans les années 2010. Adela, jeune femme d’une vingtaine d’années, entretient une relation compliquée avec sa mère, Loreta, Cubaine ayant immigré aux États-Unis. Adela vit à Miami et fait la rencontre de Marcos, immigré cubain fraîchement débarqué sur le sol américain. Ils tombent amoureux, s’installent ensemble et un jour, Marcos montre à Adela une photo de groupe prise en 1990 dans le jardin de sa mère. Sur cette photo, Adela, stupéfaite, reconnaît sa propre mère. Elle décide de confronter cette dernière afin de lever le voile sur son ancienne vie à Cuba et sur les raisons qui l’ont poussée à fuir son pays, au milieu des années 1990. La clé de ce mystère se trouve donc dans le passé et le roman navigue entre aujourd’hui et hier, dans le Cuba de la «°période spéciale°», celle de la chute de l’URSS qui a pour conséquence de plonger le pays dans une grave crise économique et sociale. La police cubaine quant à elle surveille et traque avec acharnement toutes personnes dissidentes. Au cœur de ce passé houleux, il y a un groupe d’amis, «°le clan°», comme ses membres le surnomment, auquel appartiennent les mères d’Adela et de Marcos. Très soudé, profondément attaché à la ville de La Havane et à la culture cubaine, le clan finit par se fissurer à la faveur du mensonge, des suspicions, des trahisons, dans ce Cuba paranoïaque et étouffant. Il y a ceux qui partent, ceux qui restent et ceux qui meurent. Voilà un roman magistral, addictif, traitant de l’exil, de la perte, de la peur du déclassement, de la filiation, de l’amitié et du désir vital de liberté. Le rythme et la construction de l’histoire sont d’une efficacité redoutable et le style unique de Padura fait des merveilles. C’est dense, intense, porté par des personnages incarnés et attachants. C’est un immense coup de cœur.