Polar

Víctor del Arbol

Le Fils du père

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Chronique de Guillaume Chevalier

Librairie Mot à mot (Fontenay-sous-Bois)

C'est un drame humain, une tragédie familiale. C’est le poids d’un héritage destructeur à travers trois générations d'hommes. Ce sont les pages les plus tragiques de l'Espagne du XXe siècle.

Diego Martin est enfermé dans une unité d’évaluation et de soins psychiatriques pour meurtre. Il menait une vie à l’apparence tranquille et pourtant, il a enlevé, torturé et assassiné un jeune homme, Martin Pearce, avec qui il semblait bien s’entendre. Depuis sa cellule, Diego décide d’écrire son histoire. De retracer le chemin qui l’a mené à cet acte terrifiant. Ce roman d’une profonde noirceur structure brillamment son histoire en alternant présent et passé. Nous avons des aperçus de la vie du grand-père de Diego, de celle de son père et bien sûr du parcours funeste de Diego lui-même, des années 1930 à nos jours. De l'horreur de la guerre civile espagnole au front russe, en passant par la Légion étrangère et la vie estudiantine barcelonaise, Le Fils du père est une histoire âpre d'où jaillissent parfois quelques instants lumineux. Ces trois hommes sont des personnes maltraitées et maltraitantes, toxiques à différents degrés avec l’ensemble de leurs proches. Diego, qui tente de ne pas perpétuer la violence intrinsèque à sa lignée, de briser le cycle, finit malgré tout par adopter un comportement aussi destructeur qu’autodestructeur. Comment se transmet le pire de génération en génération ? Quelles circonstances amènent à la destruction d'une vie ? Ce livre coup de poing tente de répondre à ces questions vertigineuses et creuse l’ambivalence des sentiments qu’un enfant peut ressentir pour un parent dysfonctionnel. Un roman dur, un roman amer, un roman déchirant mais un roman d’une rare puissance dont personne ne peut sortir indemne et dont vous vous souviendrez à coup sûr.

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