Littérature étrangère

Iain Levison

Pour services rendus

  • Iain Levison
    Traduit de l’anglais (États-Unis) par Fanchita Gonzalez Batle
    Liana Levi
    05/04/2018
    224 p., 18 €
  • Chronique de Guillaume Chevalier
    Librairie Mot à mot (Fontenay-sous-Bois)
  • Lu & conseillé par
    10 libraire(s)
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Chronique de Guillaume Chevalier

Librairie Mot à mot (Fontenay-sous-Bois)

Qui n’a jamais menti ? Et qui n’a jamais inventé un deuxième mensonge pour couvrir le premier ? Cet engrenage implacable est au cœur de ce roman grinçant et désenchanté qui décortique les névroses américaines.

Mike Fremantle est le chef de la police de Kearns, une petite ville située dans l’État du Michigan. Proche de la retraite et vétéran de la guerre du Vietnam, où il fut sergent, il constate avec amertume le manque cruel de moyens auquel il doit faire face. Wilson Drake est sénateur du Nouveau-Mexique et il est en pleine campagne pour sa réélection. Ayant servi au Vietnam sous les ordres du sergent Fremantle, il lui doit la vie sauve suite à une erreur de débutant commise lors de sa première nuit sur le terrain. Mais pour gagner quelques voix précieuses dans une élection qui s’annonce serrée, Drake va raconter cette anecdote en inversant les rôles, se faisant ainsi passer pour un héros de guerre. C’était sans compter sur l’adversaire politique de Drake, qui va mettre en lumière le témoignage d’un autre soldat de l’unité, qui conteste sa version des faits et le met donc dans une position très délicate. Le sénateur va alors demander à Fremantle de couvrir publiquement son mensonge en échange de crédits pour son poste de police. Le vieux policier accepte mais le sait mieux que quiconque : le mensonge est un engrenage dont personne ne sort indemne. Iain Levison nous offre une fois de plus un portrait vitriolé des États-Unis d’hier et d’aujourd’hui. Le traumatisme toujours palpable de la guerre du Vietnam et des horreurs qui s’y sont déroulées se conjugue au cynisme d’une classe politique qui a perdu toutes convictions et n’est obsédée que par la conquête et la conservation du pouvoir. Mais la faute n’en incombe pas tant aux personnages qu’aux institutions politiques et médiatiques qui, en faisant primer la forme sur le fond, les incitent à embellir leur image et à ternir celle de leurs adversaires. Les règles du jeu politique sont immorales et cruelles. Ce roman est lucide et puissant.

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