Littérature étrangère

Madeleine Thien

Nous qui n’étions rien

✒ Marie-Laure Turoche

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De la prise de pouvoir de Mao Zedong aux manifestations de la place Tian’anmen, de la Chine au Québec, une grande fresque qui mêle amour, famille, musique et Histoire. Finaliste du Man Booker, Nous qui n’étions rien l’aurait amplement mérité.

Ils se nomment Grande Mère Couteau, Vrille, Wen le rêveur ou encore Pinson. Ils ont vécu la guerre, la dictature de Mao et les camps ; ils étaient musiciens et férus de littérature, ils ont subi la révolution culturelle. « Nous qui n’étions rien. » Pourtant, ils étaient tout : ils étaient un peuple, ils étaient la Chine. Le roman de Madeleine Thien commence en 1991, à Vancouver. Marie, 10 ans, vit seule avec sa mère. Son père les a abandonnées pour retourner en Chine où il a mis fin à ses jours. Elles vont accueillir Ai-ming, une jeune femme qui a fui son pays après les manifestations de la place Tian’anmen. Il semble qu’un lien familial du côté paternel les relie. Quoi de mieux qu’un livre pour remonter plusieurs générations ? Ce livre a pour titre le « Livre des traces ». Il relate les aventures de Quatre-mai et Da-Wei. Mais il est bien plus qu’une simple fiction qu’on se passe de mains en mains. C’est grâce à cet ouvrage que Vrille va rencontrer Wen, c’est encore à travers lui que Marie va découvrir ce père qui lui échappe. Ce livre permet de transmettre, de s’évader et de se retrouver. Madeleine Thien nous décrit une famille unie par la musique, les mots et l’amour. Cher lecteur, vous allez connaître des personnages incroyables ! J’ai déjà évoqué Vrille et Wen, mais vous allez aussi être bouleversés par Pinson, compositeur de génie et Zhuli sa cousine, violoniste, trop entière pour se soumettre. Et Grande Mère Couteau qui, comme son nom l’indique, possède un caractère bien trempé. C’est une fresque, une saga, un poème, une partition. L’auteure joue avec la langue, elle montre comment un même mot peut avoir plusieurs nuances, tout comme une histoire qu’on nous a racontée. Mais comme le dit si bien Grande Mère Couteau : « Croire tout ce qu’il y a dans les livres est encore pire que de ne pas avoir de livres ».

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