Littérature étrangère

Jennifer Egan

Le Donjon

photo libraire

Chronique de Béatrice Putégnat

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Quand deux cousins se retrouvent dans un donjon à rénover, tout peut arriver... Un conte cruel, gothique, envoûtant et habilement troussé. Laissez-vous mener par le bout du nez !

Les jeux d’enfants tournent parfois mal. Danny et Howie, deux cousins, ont tout partagé : jeux, mondes et mots inventés, promenades. Adolescents, les deux cousins vivent une dernière aventure qui les marque à jamais du sceau de la peur, de la culpabilité. Danny laisse cruellement Howie bloqué au fond d’une grotte pendant plusieurs jours, sans révéler aux adultes où et comment le retrouver. Vingt ans plus tard, Howie a réussi dans la vie et confie à Danny la rénovation de son château. Danny, dont la vie part à vau-l’eau, accepte. En parallèle, dans une prison, un groupe de détenus suit un atelier d’écriture mené par Holly, une ancienne toxicomane. Jennifer Egan mène habilement ces deux narrations, qui sont autant de portes et de pièges pour le lecteur pris dans un jeu de fausses pistes. Le donjon est-il un lieu imaginaire ou un lieu réel ? Qui est la baronne qui le hante, un peu à la façon d’une goule du temps jadis ? Le donjon incarne l’enfermement, la violence et les méandres de l’esprit humain et de l’écriture. Un détenu écrit un livre que le lecteur est en train de lire. Derrière le processus de lecture-écriture, Jennifer Egan tire les ficelles comme une marionnettiste facétieuse.

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