Littérature étrangère
Woody Guthrie
La Maison de terre
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Woody Guthrie
La Maison de terre
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nicolas Richard
Flammarion
08/01/2014
320 pages, 21 €
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Chronique de
Béatrice Putégnat
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❤ Lu et conseillé par
5 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Marie Michaud de Gibert Joseph (Poitiers)
- Jean-Pierre Maillet de La Parenthèse (Beaupréau)
- Béatrice Putégnat
- Alain Belier de Lucioles (Vienne)
✒ Béatrice Putégnat
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Écrit en 1947, jamais publié ! Exhumé par Johnny Depp, cet hymne aux déshérités de l’Amérique rurale de la Grande Dépression vient nous frapper près de soixante-dix ans après, comme une pelote d’herbe charriée par un vent tragique.
Troubadour folk et engagé, Woody Guthrie a inspiré Bob Dylan, Joan Baez, Bruce Springsteen. Avec sa guitare, baptisée « machine à tuer les fascistes », il était du côté des plus démunis. Achevé en 1947, son texte, La Maison de terre, n’avait pas trouvé d’éditeur dans l’Amérique pudibonde et anticommuniste. À la faveur de recherches sur Bob Dylan, Johnny Depp a tout simplement déniché le roman dans une collection « Woody Guthrie » rassemblée par l’université de Tulsa. Les conditions de sa publication en font donc un événement. Mais tout cela ne serait rien sans la force et la noirceur de l’écriture de Woody Guthrie. Au Texas, dans les années 1930, Tike et Ella May, jeune couple d’agriculteurs, a bien du mal à survivre de son exploitation installée sur une terre aride. Ella May est enceinte. Elle ne veut plus habiter leur cabane en bois envahie par les insectes et où les fissures laissent s’engouffrer le froid et l’humidité. Mais Tike n’a plus de terre. Fermier dépossédé, il se trouve rétrogradé au rang de métayer sans avenir et sans sécurité. Ella May est prête à tout. Même à s’endetter auprès des banques sur les conseils de l’État pour acquérir un mauvais lopin de terre… Posséder…un leurre menant à la dépossession. Dans une langue crue et musicale, Woody Guthrie dénonce ces conditions de vie précaires. Tike et Ella May s’aiment sur le sol qui les a vus grandir. La sexualité est à fleur de peau et de nature. La drôlerie côtoie les sanglots retenus. La parole de ces sombres héros très ordinaires éclot avec la simplicité poétique des gens de la terre, des gens de peu qui voient leurs valeurs s’effondrer dans un système où l’économique prend le pas sur l’humain. Le chant final de Tike est une plainte rageuse et désespérée qui s’accorde au tintement de sa pelle : « vous pouvez pas mettre ma maison par terre ! »