Littérature étrangère
Renato Cisneros
La Distance qui nous sépare
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Renato Cisneros
La Distance qui nous sépare
Traduit de l’espagnol (Pérou) par Serge Mestre
Christian Bourgois éditeur
31/08/2017
320 pages, 23 €
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Chronique de
Charlène Busalli
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❤ Lu et conseillé par
5 libraire(s)
- Maïté Blatz de Le Roi livre (Paris)
- Laurence Hurard de Lettre et merveilles (Pontoise)
- Valérie Barbe de Au brouillon de culture (Caen)
- Hélène Menand de du Parchamp (Boulogne-Billancourt)
- Jean Tanguy de Le Pain des rêves (Saint-Brieuc)
✒ Charlène Busalli
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Renato Cisneros signe un magnifique récit sous forme d’enquête littéraire : un portrait sans concessions de son propre père qui fut l’une des grandes figures de la junte militaire péruvienne durant les années 1970.
Deuxième sélection du Prix Médicis 2017
Luis Federico Cisneros Vizquerra, dit « El Gaucho », avait la réputation d’un homme aux opinions bien arrêtées qui se privait rarement d’exprimer le fond de sa pensée. Général de division de l’armée du Pérou, il fut d’abord conseiller du ministre des Finances après le coup d’État de Velasco en 1968, avant de devenir ministre de l’Intérieur sous la dictature de Morales Bermúdez, puis ministre de la Guerre sous la présidence de Belaúnde au début des années 1980. Ayant grandi à Buenos Aires, il fréquenta la même école militaire que les futurs hauts gradés de la junte argentine dont certains seraient plus tard poursuivis pour crime contre l’humanité. Fervent admirateur de Pinochet et de Kissinger, El Gaucho réprima violemment les manifestations étudiantes et ouvrières des années 1970 au Pérou, avant de faire des militants du Sentier Lumineux ses bêtes noires, n’hésitant pas à revendiquer pour eux la peine de mort. C’est donc une figure paternelle pour le moins controversée que Renato Cisneros a choisi de raconter dans ce livre. Né du deuxième mariage d’El Gaucho, Renato n’avait que 18 ans lorsque son père est mort en 1995 d’un cancer de la prostate. Des années plus tard, il s’est décidé à enquêter sur les agissements publics mais aussi sur la vie privée et amoureuse de ce père qui n’avait pas vraiment tendance à se livrer dans l’intimité. Journaliste de profession, Renato Cisneros a mené une enquête minutieuse qui a dû lui demander beaucoup de courage, allant interroger aussi bien les membres de sa propre famille que les anciens amis – parfois peu recommandables – de son père. Il livre ici un récit émouvant mêlant souvenirs et découvertes inattendues, doublé d’une interrogation complexe sur la filiation et de fulgurances existentielles et poétiques parfois bouleversantes.