Polar

Don Winslow

La Cité des rêves

✒ Alexandra Villon

(Librairie La Madeleine, Lyon)

Dans ce deuxième volet d’une trilogie qui voit s’affronter deux familles mafieuses, la ville de Providence a été mise à feu et à sang. Danny Ryan s’en est tiré. Désormais veuf, il fuit avec son fils en Californie.

À la manière d’une Troie moderne, la ville de Providence s’effondre au début de ces années 1990 marquées par le chaos qu’a provoqué la guerre entre les Murphy et les Moretti. Danny Ryan, antihéros investi d’un destin malgré lui, sorte d’Énée moderne désormais contraint à l’exil, a réussi à s’esquiver in extremis vers l’Ouest, en Californie, pourchassé par la pègre et le FBI, accompagné de son jeune fils, de Marthy son vieux père et de quelques autres soutiens, comme Sean South et Kevin Coombs, les « enfants de chœur », deux hommes de main engagés pendant la guerre entre les deux familles. Danny Ryan serait-il finalement béni des Dieux ? Il semble en tout cas, malgré les apparences, né sous une bonne étoile car sa mère, ex-showgirl devenue une femme riche et puissante, l’accueille dans sa villa à Las Vegas, lui offrant sa protection, l’opportunité de se refaire et de se retirer définitivement du circuit mafieux. Danny Ryan va alors tenter un dernier gros coup, en toute discrétion. Mais c’était sans compter les enfants de chœur, Sean et Kevin, qui, galvanisés par le soleil de la Californie, s’invitent à Hollywood sur les plateaux d’une superproduction qui raconte justement l’histoire de la guerre entre les deux clans ennemis de Rhodes Island. Ils parviennent à se faire embaucher comme consultants et, bien entendu, à se faire remarquer, au grand dam de Danny qui va devoir intervenir. Dans ce deuxième opus qui se présente comme une sorte d’entracte, Don Winslow fait un pas de côté en s’amusant à bringuebaler ses personnages hors de l’arène poisseuse de Rhodes Island pour les faire évoluer dans un décor glamour et désaccordé, prétexte à une intrusion plutôt caustique et divertissante dans les coulisses d’Hollywood où réalité et fiction se confondent.

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