Littérature étrangère
Camilo Sanchez
La Veuve des Van Gogh
-
Camilo Sanchez
La Veuve des Van Gogh
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Franchita Gonzalez Batlle
Liana Levi
04/05/2017
176 pages, 16 €
-
Chronique de
Isabelle Theillet
Bibliothèque/Médiathèque l'École nationale des chartes - PSL (Paris) -
❤ Lu et conseillé par
6 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Emmanuelle George de Gwalarn (Lannion)
- Isabelle Aurousseau-Couriol de de Paris (Saint-Étienne)
- Marie Hirigoyen de Hirigoyen (Bayonne)
- Isabelle Theillet de l'École nationale des chartes - PSL (Paris)
- Julie Giraudon de Almora (Paris)
✒ Isabelle Theillet
(Bibliothèque/Médiathèque l'École nationale des chartes - PSL, Paris)
Camilo SÁnchez nous offre un merveilleux portrait de femme : celui de la veuve de Théo Van Gogh, frère du peintre Vincent. Une collectionneuse d’art qui a largement contribué à faire connaître l’œuvre de Vincent Van Gogh.
Quand on évoque Van Gogh, on associe facilement à son nom celui de son frère Théo avec qui il échangea des centaines de lettres. Mais qui pense spontanément à Johanna Bonger, l’épouse de Théo ? Encore une femme injustement oubliée par la postérité et que Camilo Sánchez sort de l’ombre. Depuis l’âge de dix-sept ans, Johanna Bonger, qui épouse Théo Van Gogh en 1889, tient un journal intime. L’auteur insère des extraits de ce journal pour nous rendre plus proche la jeune femme qui, après le décès de Vincent Van Gogh, voit malheureusement l’état de Théo se dégrader de jour en jour. Elle a alors un fils de six mois qu’ils ont prénommé lui aussi Vincent en hommage à son oncle peintre. Auvers-sur-Oise, la vie parisienne de cette fin de siècle, la relation forte entre Vincent et Théo, les liens avec les différents marchands d’art et peintres de l’époque, tout est rendu avec une grande précision grâce à des détails minutieusement choisis. Avec une certaine clairvoyance, Johanna comprend qu’en épousant Théo, elle a aussi épousé Vincent, la relation entre les deux ayant toujours été très fusionnelle. En raison de la dégradation rapide de l’état de santé de Théo, elle prend des décisions fortes : revenir près de sa famille à Amsterdam. Théo meurt à l’hôpital psychiatrique d’Utrecht à peine un an après son frère. Johanna a l’idée de s’installer à Bussum, non loin d’Amsterdam, et de créer une sorte de pension où elle expose les peintures de Van Gogh, jugées encore « démoniaques ». Seule héritière de toute son œuvre, c’est elle qui s’acharne à la faire reconnaître et à diffuser les lettres qu’il adressait à Théo. Après la lecture de cet ouvrage passionnant, on ne regarde plus le travail de Van Gogh de la même manière. Merci à Johanna, femme courageuse et d’avant-garde !