La Doloriade

Dans les vestiges d’un monde post-cataclysmique, en périphérie d’une ville et à l’orée d’une forêt, survit l’autoproclamé dernier bastion de l’humanité : une communauté consanguine dirigée par une matriarche qui ambitionne de refaçonner le monde à son image. Plongés dans l’hébétude d’un présent infini, ses enfants ont comme guide spirituel un maître d’école ânonnant des principes dégradés de la scolastique de Thomas d’Aquin. C’est dans cet univers dégénérescent et poisseux que poussent Agathe et Dolorès, deux filles opposées à la conscience balbutiante. Servi par une écriture littéraire oscillant entre crudité sensorielle, profondeur philosophique et absurdité, le roman de Missouri Williams a de quoi désarçonner. L’autrice semble avoir emmagasiné, digéré puis déconstruit toutes les tropes et les variantes des fictions post-apocalyptiques pour mieux interroger le sens de la souffrance humaine et nous confronter à la tentation du nihilisme.