Qu’il désigne la table de travail, un lieu ou une manière d’organiser et rationaliser ce dernier, le bureau est devenu un élément central de nos existences modernes. Il n’y a pourtant rien de naturel à cette posture studieuse et sédentaire : fruit d’une histoire et d’une longue acculturation, elle est un parfait exemple de la manière dont le social s’imprime dans les corps, les habitudes, jusque dans les mentalités ainsi disciplinées. En une passionnante – et étonnante – généalogie, Pascal Dibie montre comment le développement de l’État et de l’administration modernes, un certain mode de division du travail et de rapport à l’écrit, ont progressivement imposé et généralisé la vie de bureau. De la bureaucratie d’Ancien Régime au management et aux start-up, du scriptorium à l’open space, l’ethnologue illustre les manifestations et métamorphoses de l’« homo sedens », leur donne du relief sans jamais perdre de vue la cohérence de son sujet.