Essais
Yann Quéffelec
Dictionnaire amoureux de la Bretagne
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Yann Quéffelec
Dictionnaire amoureux de la Bretagne
Plon
02/05/2013
785 pages, 25 €
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Chronique de
Jean-François Delapré
Librairie Saint-Christophe (Lesneven) -
❤ Lu et conseillé par
5 libraire(s)
- Karine Clugery de Les Mots voyageurs (Quimperlé)
- Jean-Marie David-Lebret de Goulard (Aix-en-Provence)
- Antoine Chiron de La Parenthèse (Beaupréau)
- Pauline Pontefract de Contact (Angers)
- Jean Tanguy de Le Pain des rêves (Saint-Brieuc)
✒ Jean-François Delapré
(Librairie Saint-Christophe, Lesneven)
« Je me souviens… », disait Georges Perec. C’est à cette sorte de gageure que Yann Queffélec s’est astreint pour parler de sa Bretagne. La sienne, la nôtre aussi, car si elle est multiple, elle se donne souvent sans retenue à ceux qui n’y sont pas nés. Ici, rien ne finit et tout commence.
Le propre des dictionnaires spécialisés est d’exclure. Et s’il s’agit d’un dictionnaire sur la Bretagne, ne serait-ce qu’envisager cette entité géographique et culturelle est toujours un sujet de conversation qui peut tourner à l’aigre – comme le lait ribot, mais l’auteur ne parle pas du lait ribot – ou au sucré – cinq pages sur le kouign-amann pour faire prendre du poids aux touristes ! mais rien sur le gast, dommage ! Oui, il y a autant de Bretons que de criques où le glas est parfois bleu ou vert, tout dépend évidemment de l’endroit où on se place. Ils ont bien fait de faire confiance à ce brennig de Queffélec, ce Breton collé à son rocher de l’Aber-Ildut qui venait par le train (à l’époque, neuf heures de Paris à Brest. La Bretagne, ça se gagne !) en regardant tout devant et en attendant la mer. Il en faut de la patience et de la longueur de temps pour appréhender ce pays de mer, l’Armor, et de terre, l’Argoat, ce pays qui se divise en querelle de clochers et qui se soude derrière sa bannière en Gwenn ha Du. Nul n’échappe à son pays, nul ne sait mieux y revenir qu’un Breton égaré dans la capitale. Il lui faut parfois du temps, des années même avant de remettre ses pas dans ceux de sa « mamm », cette mère ici révérée au-delà du possible. Et c’est en arpentant les plages, en bouffant du vent à en tomber à la renverse, en laissant la marée se cacher et en courant à la montante, le bas du pantalon mouillé, qu’il est allé de A jusqu’à Z, ce bon brigand de Queffelec ! Il faut dire que son sang est fait du sel des paludiers, celui qu’on rajoute au beurre une fois franchi les frontières de notre pays ! Evel just !