Littérature étrangère
Rob Sheffield
Bande originale
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Rob Sheffield
Bande originale
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Fabrice Pointeau
Le Livre de Poche
16/11/2011
6,50 €
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Chronique de
Jean-François Delapré
Librairie Saint-Christophe (Lesneven) -
❤ Lu et conseillé par
1 libraire(s)
- Jean-François Delapré de Saint-Christophe (Lesneven)
✒ Jean-François Delapré
(Librairie Saint-Christophe, Lesneven)
Vous vous rappelez les K7 Maxell ou TDK en C60 ou C90. Donc vous avez plus de 40 ans. Tout comme moi. Rob Sheffield faisait des compilations pour un moment de la vie, il en a fait un sacré beau livre d’amour !
« Nous nous sommes rencontrés le 17 septembre 1989. Nous nous sommes mariés le 13 juillet 1991. Nous avons été mariés cinq ans et dix mois. Renée est morte le 11 mai 1997, de manière tout à fait soudaine et inattendue, chez nous, près de moi, d’une embolie pulmonaire. Elle avait trente et un ans... »
Rob ne veut pas que Renée soit morte pour rien. Or, tout ce qui comptait pour ces deux là, c’était la musique. Rob enregistrait des K7, la « sans rancune chérie » quand on largue une petite amie, la « cassette de marche », celle pour la vaisselle ou pour la douche… et c’est par le biais de toutes ces cassettes enfouies qu’il nous raconte un pur moment de rock’n’roll, d’amour, de filles qu’on aimerait avoir et qu’on n’aura jamais. Chaque instant de sa vie avec Renée était intimement lié à une chanson, chaque chanson à un lieu. Les chapitres commencent tous par une date et une K7, cela permet de revisiter ses classiques. Le J. Geils Band était bien rangé dans ma mémoire, Sheffield me le ressort comme neuf avec un Lynyrd Skynyrd (ahh !, Free Bird !) et cela se conclut par Stairway to Heaven de Led Zepp, dont il se demande encore ce que voulaient dire les paroles ! Évidemment, Bande originale est un roman difficile à appréhender pour tout amateur de bal musette, car il est écrit comme un opéra rock, les phrases y sont plaquées comme des riffs de guitare saturée à la pédale fuzz, les morceaux s’enchaînent sans temps mort. Mais ce qui fait la beauté désespérée de ce roman, c’est cet amour magnifié, cet hommage que l’auteur rend à sa femme. Est-ce parce qu’elle est partie en moins d’une minute, sans qu’ils n’aient eu le temps de mettre un adieu à leur histoire ? En le lisant, insidieusement, on se raccroche également à des épisodes de notre propre vie, on y retrouve nos chansons. Comme les livres, la musique constitue un lien indéfectible avec la vie, car elle est le marqueur d’une époque et parfois celui d’une grande histoire d’amour.