Littérature française

Olivier Adam

Dessous les roses

illustration

Chronique de Nathalie Iris

Librairie Mots en marge (La Garenne-Colombes)

Olivier Adam, en choisissant un sujet universel, nous livre un huis clos familial impressionnant qui, sur un espace-temps de quelques heures, interroge la puissance des liens du sang et la place de chacun dans une fratrie.

Le sujet du nouveau roman d’Olivier Adam ? Une histoire qui pourrait être celle de tout le monde. Mais sous sa plume, elle devient le prétexte d’une exploration des liens familiaux poussée à l’extrême, pour notre plus grand plaisir. L’intrigue tient en quelques mots : à la veille de l’enterrement de leur père, Claire, Antoine et Paul se retrouvent chez leur mère. Claire et Antoine s’entendent plutôt bien. En revanche, Paul a été écarté ou plus exactement ses agissements l’ont éloigné de sa famille. Il faut dire qu’il ne s’est pas gêné, en sa qualité de réalisateur, pour porter à l’écran l’histoire de sa cellule familiale et mettre en scène un père particulièrement odieux. Depuis, les liens ont été rompus. Lorsque s’ouvre le livre, Claire et Antoine sont seuls et se demandent si Paul viendra. Ils le souhaitent tout en en appréhendant l’esclandre que cela pourrait provoquer. Mais la mort d’un père, tout de même ! Alors Paul arrive, tard dans la nuit. Et la discussion commence. Chacun parle à son tour : comment ils vivent le lien fraternel qui les unit ou les a désunis, ce que leurs retrouvailles leur inspirent, ce qu’ils veulent se dire, ce qu’ils ont peur de se dire ou d’avouer. Le roman est construit de sorte que chaque personnage puisse tour à tour avoir la parole et donner son point de vue. Ainsi le lecteur, peu à peu, se fait une opinion. Le tour de force d’Olivier Adam, c’est qu’à chaque prise de parole de l’un ou de l’autre des protagonistes, l’éclairage change, si bien que, comme le dit un des personnages, « en définitive, ce n’est peut-être pas ce qu’il m’a dit. Mais c’est ce que j’ai entendu ». Parallèlement, chacun s’interroge intérieurement sur sa propre vie : Antoine se demande s’il fait bien de rester avec une femme qu’il n’aime finalement pas tant que ça. Claire se rend compte qu’elle a toujours été trop au service des autres sans penser vraiment à elle. Quant à Paul… Dessous les roses est un livre remarquablement écrit qui nous éclaire sur la difficulté de savoir, malgré la proximité des liens familiaux, qui nous sommes vraiment les uns pour les autres et pour nous-mêmes.

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