Littérature française

Gwenaëlle Aubry

Zone base vie

✒ Nicolas Mouton

(Librairie Le Presse papier, Argenteuil)

Que faire de nos corps déconfits et confinés dans les villes désertes et comment leur redonner vie ? Songeant à Perec, Gwenaëlle Aubry invente une adresse (le 11 rue Winckler, du nom de l’auteur de La Maladie de Sachs) où huit personnages vont involontairement entrecroiser leurs destins : une petite fille, une avocate, un vieil helléniste, une étudiante ou un désopilant conspirationniste fasciné par les allocutions orwelliennes du « P.R. » ‒ « Je vous serre la main avec le cœur ». Le présent s’éloigne, le passé revient et le futur se fige. Aux impasses de la novlangue et des gestes barrières, l’auteure oppose un vocabulaire riche, savoureux et de fines analyses philosophiques. Ingénieux, drôle, émouvant et d’un style exemplaire, ce roman n’est pas celui du Covid mais s’en empare pour interroger la création et les pouvoirs de la littérature. De la métaphore du chantier naît ce roman, fils de La Vie mode d’emploi : ils se regardent, se reconnaissent et nous distinguent.

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