Littérature française
Marie Nimier
Le Côté obscur de la reine
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Marie Nimier
Le Côté obscur de la reine
Mercure de France
02/01/2025
254 pages, 22,50 €
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Chronique de
Nicolas Mouton
Librairie Le Presse papier (Argenteuil) -
❤ Lu et conseillé par
8 libraire(s)
- Michel Edo de Lucioles (Vienne)
- Stéphanie Hanet de Coiffard (Nantes)
- Hélène Menand de du Parchamp (Boulogne-Billancourt)
- Yolande Bastian de de Sarrebourg (Sarrebourg)
- Lydie Baillie de Aux lettres de mon moulin (Nîmes)
- Florence Reyre de Du côté de chez Gibert (Paris)
- Madeline Roth de L'Eau vive (Avignon)
- Margot Bonvallet de Passages (Lyon)
✒ Nicolas Mouton
(Librairie Le Presse papier, Argenteuil)
Jamais la belle collection de Colette Fellous au Mercure de France, « Traits et portraits », n’aura mieux porté son nom qu’avec la plume de Marie Nimier : féroce mais aussi tendre comme un fusain, tout en traits d’union et à une portée de flèche du cœur, elle rime avec sa mère et signe son plus beau livre.
Jeter un livre à la mère semble être devenu un genre littéraire et, par son titre, Le Côté obscur de la reine suggère ce qu’il faut de force pour l’accomplir. « Au travail petite Marie ! », lui avait lancé Juliette Gréco après la parution de La Reine du silence (2004) pour l’encourager à dissiper les brumes entourant ce père célèbre et inconnu, et ainsi explorer l’autre versant de sa vie. Nadine, c’est la voix d’un grand amour malade qui, ne sachant se dire, parle trop, tout le temps et à côté du réel, blessant par ses secrets une fille avide d’entendre. La plainte maternelle, c’est le refrain de sa chanson, le souffle de son mal-être, la dissonance par laquelle elle récompense le dévouement de Marie. Quelque chose s’exaspère, comme un parfum, mais ce n’est pas celui de la rancœur. Se manifestant par des objets, des livres retrouvés ou des lettres, le passé ouvre ses pétales sur un secret. Tout autant que les mots, l’iconographie de ce livre révèle un théâtre intime plein d’ironie, de légèreté et d’émotions : le « Montrer-Vivant ». Marie Nimier traduit mieux que personne la solitude de l’enfance et dans un style d’une pureté admirable. Mais son récit contient d’autres échappées, comme ses souvenirs de Gilles Deleuze à Vincennes ou de la correspondance amoureuse d’une aïeule avec Paul Valéry ! Bonbons Kréma, dessins d’enfants, films : autant d’éclats de temps qui situent ce livre sans dates où l’on ne se perd pourtant jamais. Mais finalement qui est la reine ? La narratrice ? Sa mère ? Un stylo retrouvé, un petit livre découvert dans une bibliothèque semblent répondre : « Je suis ton père ! »