Essais

Sofia Andrukhovych

Tout ce qui est humain

Chronique de Nicolas Mouton

Librairie Le Presse papier (Argenteuil)

Bayard inaugure une nouvelle collection, « Littérature intérieure », au design très soigné, dans un format poche élégant et lisible. C’est un texte de l’écrivaine ukrainienne Sofia Andrukhovych, déjà connue en France pour son roman Felix Austria, qui l’inaugure. Du surgissement de la guerre dans la vie ordinaire, elle dit d’abord la sidération : du jour au lendemain, tous les plaisirs du corps, de l’esprit et de la sociabilité sont frappés d’interdit. Son journal, très élaboré, décrit le quotidien de cette guerre, du déclenchement des hostilités à leurs prolongements. Ce texte fort et prenant s’interroge d’abord sur sa propre capacité. « Les mots ont changé de nature. » Dès lors, comment les réunir, en extraire la sève, quand toute parole est péril et que le monde s’effondre en gravats humains ? Par l’humanité de ses portraits, son style précis et sa lecture de l’Histoire, elle traque la nature du mal. Et sauve avec noblesse « tout ce qui est humain ».

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