Littérature étrangère

Johanne Lykke

Strega

Chronique de Marie-Ève Charbonnier

Librairie Paroles (Saint-Mandé)

Nous sommes dans un lieu, une époque indéterminés, le flou est entretenu savamment par l’autrice. Une jeune femme, Rafaela, quitte le moelleux de sa vie familiale pour aller travailler dans un hôtel à Strega, localité montagneuse. On ne sait pas ce qui la motive vraiment. Elle se retrouve ainsi avec huit autres jeunes femmes qui forment une espèce de communauté. Autour d’elles, l’ambiance est étrange, que ce soit dans l’hôtel ou autour, notamment dans ce monastère empli de nonnes bizarres. La ville de Strega elle-même, toute proche, est un mystère à part entière. Ce livre à l’ambiance pesante, un peu angoissante, où rien ne se passe vraiment, est une savante et subtile dénonciation de la condition féminine, à ranger par exemple aux côtés de La Servante écarlate de Margaret Atwood. Il faut en souligner l’écriture magnifique où l’utilisation du « nous » fait écho au chœur antique et où l’utilisation du passé simple contribue à installer cette atmosphère si particulière. Une véritable expérience de lecture !

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