Jean-David Henninger

Librairie La Marge (Haguenau)

Rencontre avec Jean-David Henninger de la Librairie La Marge à Haguenau

«Je suis tombé libraire comme on tombe amoureux»

Comment et pourquoi êtes-vous devenu libraire ?
Comme lecteur, d'abord, avide d'informations et de rêveries, je me suis senti bien entouré en librairie. Craignant que mes études ne tournent à l'art pour l'art, je suis tombé libraire comme on tombe amoureux, par hasard objectif. La vraie question serait de savoir pourquoi on reste libraire, comment s'entretient la flamme. Je ne connais pas encore de lieu où être aussi bien au milieu des enjeux du monde et qui permette tout autant de s'en échapper.

Parlez-nous un peu de votre librairie et de votre équipe.
Depuis 3 ans, nous essayons de faire honneur à la qualité des éditeurs, dans tous les domaines, dans un espace restreint, mais bien rempli, complété par de l'occasion et de l'ancien. Un appétit pour les livres étranges, une sélection graphique riche, le surstock comme hygiène mentale, l'indépendance comme priorité. L'équipe est vouée à s'agrandir, pour développer encore rencontres et réseaux. Situés dans une ville modeste, nous cherchons à rendre curieux et exigeant un lectorat varié, populaire, touche-à-tout.

Racontez-nous une anecdote amusante avec un client...
L'an dernier, je suis tombé pendant mes vacances à l'autre bout de la France sur un habitué. Mécontents de nos lectures respectives, et amusés du hasard, nous avons échangé, pour ce qui fut au final une lecture marquante pour chacun. J'ai découvert les textes de Jean-Paul Goux, ravi. Cet hiver, lisant un autre de ces livres, loin de la librairie, on m'alpague, commençant à discuter littérature, avec qui se révélera être la fille de ce client, par ailleurs grande lectrice à l'insu de son père. Le livre aura donc fait 1600 km et trois lecteurs chanceux.

Quel est votre livre fétiche ?
Les lectures marquantes sont surtout une affaire de timing, ainsi, quand ado, j'ai découvert Les Jardins de Kensington de Rodrigo Fresan, un voyage dans le Londres de Peter Pan et des Kinks, ce fut une bonne baffe de rentrée dans le monde adulte. Écrire comme ça, faussement relax, mêlant son rock et jeux littéraires argentins ! Et le plaisir de compulser toutes les références, trouvant un monde derrière chacune, parfaite (dé)formation !